Dante a les yeux bandés; il ne peut plus lire. Il est assis devant un livre ouvert dont le texte a été maculé et dont seuls quelques lambeaux de phrases sont encore visibles : «In mezzo del cammin», «fu la paura», «tu che sol per cancellare scrivi». C’est à Milan, dans le hall de l’Université Iulm [Libera Università di Lingue e Comunicazione], qu’a été inaugurée Monumento all’Inferno, l’installation d’Emilio Isgrò. Cet artiste est connu pour son travail sur « l’effacement » [cancellatura],
Dans une interview sur la chaîne de l’université, il explique que cette œuvre a pour origine une réflexion sur le monde de la communication. Pour lui,
Le monde de la communication est un monde véritablement infernal, dans le sens où les informations au lieu d’être des éléments de liberté et de libération sont devenues une source de doute, mais non de doute cartésien qui amène à la liberté et à la vérité des choses, mais en quelque sorte au chaos.
Par un curieux hasard, note Giovanni Puglisi, le président de l’Iulm, cette œuvre est installée, en mars 2018 à mi-chemin «entre les 750 ans de la naissance [du poète], en 2015, e les 700 années de sa mort, en 2021»; quelque part nous sommes toujours «nel mezzo del cammin di nostra vita».
Notes :