Épicure – Epicuro

Épicure_Epicuro
  • L’Enfer, Chant X, v.14
  • Illustration: Buste d’Épicure. Copie romaine d’un buste grec original perdu — Domaine public. 

Épicure était un philosophe grec. Né vers 342 et mort en 270 avant J.-C., il est le fondateur d’une école qui porte son nom: l’épicurisme.

C’est en 306 avant J.-C. qu’il vint à Athènes pour fonder son école de philosophie, où il défendit l’idée que le « souverain bien” (le summum bonum) est le bonheur. Ce bonheur ne passe pas par le plaisir sensuel, mais par un esprit apaisé, qui est le résultat de l’observation des vertus. Il s’oppose en cela aux Stoïciens pour lesquels la vertu doit être cultivée pour elle-même, alors que pour Épicure, c’est le chemin vers le bonheur.

Épicure défendit aussi l’idée —comme le fit avant lui Démocrite— que tout ce qui existe est composé d’atomes. Ces atomes, qui se meuvent dans le vide, peuvent se combiner en agrégats de matière. C’est le cas pour l’âme «qui serait un agrégat d’atomes et non une entité spirituelle»1.

Dante connaissait les idées d’Épicure grâce à ses lectures du De finibus de Cicéron. Il le cite d’ailleurs explicitement dans son Convivio: «îl (Épicure – Ndr) disait que la “volupté” n’était rien d’autre que la “non-douleur”, comme semble le rapporter Cicéron dans le premier livre de De finibus

Les idées d’Épicure s’étaient répandues à Florence, comme le raconte Villani dans ses chroniques:

Il apparut que la cité était malade et corrompue par les hérésies, et parmi celles-ci la secte des épicuriens par le vice de la luxure et de la gloutonnerie; elle était si importante qu’on se combattait avec des armes entre citoyens dans la plus grande partie de Florence. (Nuova Cronica, IV, 30)

Saint Dominique et Saint François sauront remettre de l’ordre dans la ville et combattre une hérésie qui remettait en cause le dogme de l’immortalité de l’âme et donc la croyance dans l’au-delà. 

Dante pour sa part s’est vigoureusement opposé à cette hérésie. Dans le Convivio, il est net: 

Je dis que, parmi toutes les choses bestiales, la plus stupide, vile et dommageable est de croire qu’après la vie ici-bas il n’y a pas d’autre vie. 

Et pour appuyer sa démonstration, il s’appuie sur Aristote, les Stoïciens, Cicéron, et «tous les poètes qui ont parlé conformément à la foi des païens» et «toutes les religions, juive, sarrasine, tartare, et quiconque d’autre vit selon la raison.» (Convivio, Livre III, VIII) 

Pour autant, Dante s’il ne partage pas les idées des épicuriens ne les méprisent pas pour autant. Il estime même que les Épicuriens, tous comme les Péripatéticiens et les Stoïciens «concourent en une volonté unanime  à la recherche de la vérité éternelle.» (Convivio, Livre IV, VI, 11 – et aussi Livre IV, XXII, 15)

Il est probable aussi que son “premier ami” Guido Cavalcanti et son père, Cavalcante Cavalcanti, ait été des épicuriens, ou au moins proche de leurs idées. Cela explique que l’on retrouve le père de Guido dans la même tombe que le libre penseur Farinata degli Uberti dans le cercle des hérétiques.