Cerbère – Cerbero

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Dans la mythologie grecque, Cerbère est un monstre qui garde la porte des Enfers. Il a la forme d’un énorme chien à trois têtes, avec une queue de serpent. C’est le fils d’Echidna, au corps de serpent et à la tête de femme, et de Typhon, divinité malfaisante ou (selon les légendes) de Titan responsable des vents forts et des tempêtes. 

Son apparence est tellement effroyable que même les morts en étaient effrayés. Le seul moyen de l’amadouer était de déposer un gâteau de miel dans la tombe du défunt. 

Les récits concernant ce monstre sont nombreux mais sa capture par Hercule est le plus connu.

Le dernier des douze travaux —et le plus difficile— du héros grec, que lui avait confié Eurysthée, roi de l’Argolide, était de ramener à la surface de la Terre Cerbère. Hadès qu’il rencontra au fond des Enfers, l’autorisa à le faire, à la condition que ce soit à mains nues. Il y réussit et enchaîna la tête du milieu du monstre pour le remonter à l’air libre et le présenter à Eurysthée, comme preuve de sa réussite. Mais quand ce dernier vit le monstre, effrayé, il demanda à Hercule de le ramener aux Enfers.

«La triple gueule béante avale ce qu’on lui jette»

Ovide dans ses Métamorphoses, reprend la légende, lorsqu’il raconte la descente d’Orphée aux Enfers pour y rechercher Eurydice. Pour convaincre Perséphone et «le maître des ombres», il leur dit: «Je ne suis pas descendu ici pour voir l’obscur Tartare, ni pour vaincre les trois gorges poilues de serpent du monstre fils de Méduse.» (Livre X, v. 20-23).

Malheureusement Eurydice meurt une deuxième fois et «roule au lieu où elle était avant.» Devant cette double mort, Ovide nous dit:

Orphée est stupéfié. Comme qui, apeuré a vu les trois têtes du chien —celle du milieu porte les chaînes, la terreur ne le quitte pas.» (v. 64-66)

Dante place Cerbère à l’entrée du troisième Cercle de l’Enfer. Il le décrit comme un démon avec “ses yeux rouges” et sa “barbe grasse et noire”. La scène où Virgile apaise le monstre en lui jetant des poignées de terre est directement inspirée d’une scène semblable de l’Énéide, dans laquelle Énée aidé de la Sybille va endormir Cerbère lors de sa descente aux Enfers pour retrouver son père Anchise: 

Là, l’énorme cerbère de ses trois gueules aboyantes fait retentir le royaume des morts, monstre couché dans un antre en face du débarcadère. La Sibylle, voyant déjà es coueuvres se dresser sur son cou, lui jette un mélange assoupissant de graines préparées et de miel. L’animal, affamé et vorace, la triple gueule béante, avale ce qu’on lui jette et détend son dos monstrueux, étalé par terre de tout son long sous l’antre qu’il remplit. Énée se hâte de franchir le seuil dont le gardien est enseveli dans le sommeil et d’un pas rapide s’éloigne des bords du fleuve qu’on ne passe point deux fois. (L’Énéide, Livre VI, v. 417-424.)

Dante évoque une deuxième fois Cerbère, toujours dans l’Enfer, au Chant IX. Le messager céleste qui vient d’ouvrir les portes de la ville de Dité à Virgile et Dante, apostrophe ainsi les Furies, leur rappelant que Cerbère porte encore la trace des chaînes avec lesquelles Hercule l’avait maîtrisé:

Che giova ne le fata dar di cozzo ? 

Cerbero vostro, se ben vi ricorda, 

ne porta ancor pelato il mento e ’l gozzo».

(Quelle utilité de s’opposer au destin? / Votre Cerbère, si vous vous en souvenez, / en porte encore le pelage et la gorge pelés.» – v. 97-99)