Minos

Minos-gustave-doré

Minos est un personnage mythologique. Fils de Zeus et d’Europe, il fut le Roi de Crète. C’est sans doute parce qu’il a l’image d’un sage et sévère législateur et gouvernant que Dante le choisit pour juger les âmes des damnés à l’entrée de l’Enfer. «Si un homme doit être justement condamné, il doit être condamné par un juge juste», remarque Benvenuto da Imola. 

Minos était considéré par les Grecs comme ayant inspiré la constitution des Crétois. On trouve une trace de cette légende dans, Minos, un dialogue de Platon d’attribution douteuse. Socrate explique que «tous les neuf ans, Minos se rencontrait en un entretien avec Zeus. (…) Cette réunion avec Zeus se passait en discours dont l’objet était de former à la vertu.»1

La légende d’un roi sage et législateur est reprise par Aristote dans sa Politique, où il indique que la constitution spartiate est fortement influencée par la proximité de Lycurgue (le législateur spartiate) avec la Crète, les Spartiates ayant, nous dit-il des «liens de parenté» avec les Crétois. Mais il laisse sa part à la légende lorsqu’il écrit: «C’est pourquoi aujourd’hui encore les périèques2 se conforment de la même manière à ces lois, pensant que c’est Minos qui en avait institué l’ordonnance.»3

À sa mort, il devint juge aux Enfers avec son frère Rhadamanthe. Il est en particulier chargé des gens faussement accusés. Virgile lui donne ce rôle dans l’Enéide:

«Minos urnam mouet; ille silentum / consiliumque uocat uitasque et crimina discit

“Minos préside et agite son urne; il convoque le conseil des Silencieux, s’enquiert de la vie et des fautes;” 4

Dante donne à ce personnage de roi juste et sage une apparence de démon. Il l’affuble d’une queue, que Minos entoure autour de sa taille pour indiquer à chaque damné le cercle de l’Enfer auquel il est condamné et surtout il «ringhia». Le verbe évoque un comportement d’un animal agressif comme un chien qui « montre les dents”, mais aussi un bruit entre le hennissement du cheval et le grognement du porc.