Le Minotaure — Minotauro

minotaure_labyrinthe

Le gardien du septième Cercle, celui qui contient les âmes des “Violents” est le Minotaure que Dante décrit comme «l’infamïa di Creti » (l’infamie de Crète). 

Ce monstre de la mythologie antique, à «deux formes», comme l’écrit Virgile1 mi-homme, mi taureau, est le fruit des amours de Pasiphaé, l’épouse du roi de Crète Minos et d’un taureau blanc.

Ce taureau avait été envoyé par Poséidon à Minos le roi de Crète, mais celui-ci trouvant ce taureau trop beau avait sacrifié une autre bête. Vexé le dieu rendit Pasiphaé amoureuse du taureau. Ovide décrit la passion qui l’anime dans l’Art d’aimer

transfuge de sa couche royale, elle court de forêts en forêts, pareille à la Bacchante pleine du dieu qui l’agite. (…) Tantôt, elle voudrait être Europe ; tantôt, elle envie le sort d’Io : l’une, parce qu’elle fut génisse, l’autre, parce qu’un taureau la porta sur son dos. Cependant, abusé par le simulacre d’une vache d’érable, le roi du troupeau couvrit Pasiphaé ; et le fruit qu’elle mit au jour trahit l’auteur de sa honte.

Le minotaure est carnivore et mange des humains

Ce fruit d’un amour monstrueux entre une femme et un taureau, c’est le Minotaure. Pour le cacher son père Minos fait construire un labyrinthe aux «chemins inextricables»2. Celui-ci est carnivore et pour apaiser sa faim, Athènes, qui avait été vaincue par Minos, roi de Crète,, devait fournir chaque année, selon Virgile, sept garçons et sept filles pour le nourrir: 

Une année, Thésée, le fils du roi athénien Égée, fit partie de ces quatorze adolescents sacrifiés. Ariane, fille de Minos et Parsifaé, touchée par «sa grande beauté, sa droiture et sa noblesse», en tomba amoureuse. Elle lui apprit comment il pouvait remporter la victoire sur le Minotaure et comment sortir du labyrinthe. 

Cette histoire est racontée ainsi par Ovide dans ses Métamorphoses

Il y enferme (dans le labyrinthe — Ndr), la double figure, le garçon-taureau,

deux fois le monstre se nourrit du sang de l’Actée, 

la troisième fois, neuf ans plus tard, l’histoire va le dompter.

Une jeune fille aide Thésée: la porte que personne avant lui n’a trouvée, 

si difficile, il la découvre, par un fil suivi à tâtons; (Livre VIII, 169-173.[/note]

Le symbole de la violence

Le choix du Minotaure pour garder l’entrée du cercle des Violents paraît évident. Cette figure d’une violente sanglante donne à comprendre aux damnés le vice général de la violence et de la cruauté barbare. En effet, remarque Benvenuto da Imola dans son commentaire du Chant XII, 

s’il est un homme par son apparence, il est un animal par sa vie et ses manières tout comme le sont les Centaures: (…) Il était à juste titre un taureau sauvage, fort,  féroce et violent, qui attaquait tout par les cornes de son orgueil et de sa colère, et se délectait de sang;

Le Minotaure est donc le symbole de la violence, provoquée par la colère. Il est aussi en raison de sa nature hybride l’illustration de la férocité et de la bestialité. 

À noter que dans l’Antiquité le Minotaure était représenté comme un homme à tête de taureau, alors qu’à l’inverse au Moyen Âge il a un corps de taureau avec un visage humain, un peu sur le modèle des Centaures, autres gardiens «à deux formes» des damnés dans le cercle des Violents.