Sémiramis – Semiramide

Sémiramis_Babylone_Edgar_Degas
  • L’Enfer, Chant V, v. 52-60
  • Illustration: Sémiramis construisant Babylone, par Edgar Degas (1861) — Domaine public.

Sémiramis, épouse de Ninos roi de Ninive. À sa mort, elle lui succède pour un long règne de 42 ans.

Elle régna sur de nombreux peuples et c’est peut-être pour cela que Virgile dit «molte favelle» —“plusieurs langues”— car les peuples soumis d’Asie mineure parlaient différentes langues.

La légende veut qu’elle ait fondé Babylone et créé les jardins suspendus, l’une des sept merveilles du monde antique.

Dante s’appuie sur Les Histoires contre les païens de Paolo Orosius, un disciple de Saint Augustin, pour son évocation de Sémiramis. Il emprunte quasiment telles quelles quelques phrases. «si legge / che succedette à Nino e fu sua sposa» (“les livres disent qu’elle succéda à Ninus et fut son épouse”) est directement inspiré d’Orosius «Nino mortuo Samiramis uxor successit» (“Ninus mort, Sémiramis lui succéda”). C’est Orosius qui accusa Sémiramis de relations incestueuses avec son fils et d’avoir voulu par une loi couvrir ses turpitudes.

Das le texte ci-dessous, il dresse le portrait d’une reine cruelle et débauchée:

Cette femme (Sémiramis) ne fut pas satisfaite d’hériter des frontières que son mari, le seul roi guerrier digne de ce nom à cette époque, avaient conquises en cinquante ans de guerre. Elle fit aussi la guerre en Inde, que seuls elle et Alexandre le Grand ont envahie. Semiramis, embrasée de luxure et assoiffée de sang, vécut au milieu de fornications et de crimes sans fin. Après qu’elle ait tué tous ceux avec lesquels elle avait partagé les plaisirs de la chair —hommes qu’elle avait convoqués en tant que reine, et qu’elle avait retenus comme courtisans— elle mis à mort vicieusement son fils, en exposant son fils conçu illicitement.  Lorsqu’elle apprit qu’elle avait commis un inceste, elle couvrit son déshonneur personnel en faisant de son crime une pratique publique. Elle décréta qu’entre les parents et leurs enfants, aucune timidité naturelle ne devrait de interdire de chercher un partenaire conjugal et que chacun devrait être libre d’agir selon son plaisir.

 

(Non contenta terminis mulier, quos a uiro suo tunc solo bellatore in quinquaginta annis adquisitos susceperat, Aethiopiam bello pressam, sanguine interlitam, imperio adiecit. Indis quoque bellum intulit, quo praeter illam et Alexandrum Magnum nullus intrauit. … Haec, libidine ardens, sanguinem sitiens, inter incessabilia et stupra et homicidia, cum omnes quos regie arcessitos, meretricie habitos concubitu oblectasset occideret, tandem filio flagitiose concepto, impie exposito. inceste cognito priuatam ignominiam publico scelere obtexit. Praecepit enim, ut inter parentes ac filios nulla delata reuerentia naturae de coniugiis adpetendis ut cuique libitum esset liberum fieret.)
Historiae Adversus Paganos (Histoires contre les païens I, 4, 5, 7.)