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- L’Enfer, Chant VIII, v. 32-64
- Illustration : La Barque de Dante, par Eugène Delacroix (1822)
Filippo Argenti était né de’ Cavicciuli, l’une des branches de la puissante famille florentine des Adimari. Il aurait gagné son surnom d’Argenti lorsqu’il couvrit les sabots de son cheval d’argent. Sa date de naissance est incertaine, sans doute 1266-1267. Il serait mort vers 1298, en tout cas, avant 1300 date à laquelle est censée se dérouler La Divine Comédie.
Tous les témoins de l’époque le décrivent peu ou prou de la même manière que l’Ottimo:
Chevalier d’une grande arrogance qui menait grande vie et grandes dépenses, mais de peu de vertu et de valeur.
Boccace, qui consacre quelques lignes à ce personnage dans son Trattatello in laude di Dante en fait un acteur de son Décaméron. Il le campe dans un rôle peu sympathique: c’est «un homme de haute taille, musclé et vigoureux, hautain, coléreux et ombrageux plus qu’aucun autre», auquel il est préférable de ne pas se frotter.
Dans cette histoire, croyant qu’un nommé Biondello se moque de lui, il lui fait passer un très mauvais quart d’heure:
Messire Filippo, l’ayant saisi par les cheveux, déchirant son bonnet et jetant son capuchon par terre, tout en le rouant de coups, disait «Traître…» (…) Et tout en parlant, de ses poings qui semblaient de fer, il lui meurtrit le visage, ne lui laissa pas un cheveu en place sur la tête et, l’ayant fait rouler dans la boue, il lui mit les habits en lambeaux. Enfin, quand messire Filippo l’eut bien rossé, comme beaucoup de gens s’étaient attroupés, on le lui arracha des mains à grand-peine, échevelé et mal en point.(IX, 8)
La branche des Cavicciuli appartenait aux guelfes noirs de Florence1 et ses membres étaient donc des adversaires de Dante, mais cela ne saurait expliquer la féroce animosité qui oppose les deux hommes, et qui se poursuit dans l’au-delà.
Un commentaire de Benvenuto voudrait que Boccaccino, le frère de Filippo, en conflit avec le poète obtint de la commune, lors de l’exil de ce dernier, la cession des biens confisqués à Dante. Il est possible aussi que Filippo ait giflé le poète à l’occasion de ce conflit. Mais tout cela n’est pas avéré.