Le Paradis – Chant XXVIII

Chant_28_Paradis_Flaxman
Un punto vidi che raggiava, illustration de John Flaxman, gravure de Tommaso Piroli (1793)

Neuvième ciel • Premier Mobile • Un point immobile et éblouissant et neuf cercles enflammés tournant autour • La correspondance entre les neufs cercles angéliques et les neufs cieux • La hiérarchie angélique.

Après que celle qui emparadise mon esprit 

ait dénoncé la vie présente 

des misérables mortels et ouvert à la vérité,1•3 

comme celui qui voit dans un miroir 

s’allumer derrière lui la flamme d’une torche2

avant même de l’avoir vue ou pensée•6 

se retourne pour voir si le verre 

lui a dit la vérité, et voit que cela s’accorde 

comme les chants avec leur mesure:3 •9 

ma mémoire se souvient, je fis ainsi 

en regardant dans les beaux yeux 

dont Amour fit la corde avec laquelle il m’a lié.4•12 

Et comme je me retournai, les miens 

furent touchés par ce qui apparaît en ce ciel, 

si à chaque tour on regarde avec attention,•15 

je vis un point qui rayonnait d’une lumière 

si perçante, que le regard qu’elle enflammait 

devait se clore en raison de sa forte ardeur;•18 

et l’étoile la plus petite, vue de la terre, 

paraîtrait la lune, si on la plaçait auprès de lui 

comme une étoile à côté d’une étoile.5•21 

Peut-être paraît aussi proche 

le halo qui ceint la lumière qui le peint 

quand la vapeur qui le porte se fait plus dense,6•24 

que l’est du point un cercle de feu, 

qui tourne si rapidement, qu’il aurait vaincu 

le mouvement le plus rapide qui ceint le monde;7•27 

et celui-ci était entouré d’un autre, 

lequel l’était du troisième, puis le troisième du quatrième, 

du cinquième le quatrième, et puis du sixième le cinquième.8•30 

Au-dessus suivait le septième si large 

que le messager de Junon 

serait étroit à le contenir en entier.9•33 

Ainsi le huitième et le neuvième ; et chacun d’eux 

se mouvait plus lentement, selon qu’il était 

par son rang plus distant du premier;10•36 

et celui-ci avait la flamme la plus claire, 

était le moins éloigné de l’étincelle pure, 

je crois, car de celle-ci elle se pénètre.11•39 

Ma dame, qui me voyait en suspens 

fort préoccupé, dit: « De ce point 

dépend le ciel et toute la nature.12•42 

Regarde ce cercle qui lui est le plus proche ; 

et sache que son mouvement est si rapide 

pour l’amour ardent qui l’aiguillonne».13•45 

Et moi à elle : « Si le monde était disposé 

selon l’ordre que je vois dans ces cercles, 

j’aurais été rassasié du met qui m’est offert;•48 

mais dans le monde sensible on peut 

voir les sphères d’autant plus divines, 

qu’elles sont du centre plus éloignées.•51 

Donc, si mon désir doit être entièrement satisfait 

dans ce merveilleux temple angélique 

dont amour et lumière sont les seules frontières,•54 

je dois encore entendre comment la copie 

et le modèle ne vont pas d’un même mode, 

car pour moi contempler cela est vain».»14•57 

« Si tes doigts ne sont pas pour ce nœud 

assez forts, ce n’est pas étonnant : 

tant, faute de le tenter, il est devenu serré!»•60 

Ainsi dit ma dame ; puis : « Prends15 

ce que je dirai, si tu veux te rassasier ; 

et autour de ces paroles affûte ton esprit.•63 

Les cercles corporels sont amples ou étroits 

selon le plus ou le moins de vertu 

qui s’étend dans toutes leurs parties.16•66 

Plus grande bonté fera plus grand salut ; 

plus grand salut contient plus grand corps, 

si celui-ci a les parties également parfaites.17•69 

Donc celui qui entraîne avec lui 

tout l’univers, correspond ici 

au cercle qui aime et sait le plus:18•72 

parce que, si tu appliques la vertu 

à ta mesure, non à l’apparence 

de la substance angélique qui te paraît ronde,19•75 

tu verras une admirable correspondance 

pour chaque ciel, entre grand et meilleure 

hiérarchie angélique, et inversement».20•78 

Comme reste splendide et serein 

l’hémisphère de l’air, quand souffle 

Borée de sa joue la plus douce,•81 

par quoi se purge et se dissout la brume 

qui auparavant troublait tant, si bien que le ciel en rit 

avec la beauté de chaque paroisse;21•84 

ainsi je fis, après que ma dame 

m’eut fait don de sa réponse claire, 

et comme étoile dans le ciel le vrai se vit.22•87 

Puis quand ses paroles cessèrent, 

comme jaillissent des étincelles 

d’un fer bouillant les cercles scintillèrent.•90 

Chaque étincelle poursuivait son incendie23

et il en était tant, que leur nombre dépassait 

celui des grains qui doublent par milliers sur l’échiquier.24•93 

J’entendais hosanna de chœur en chœur25

au point fixe qui les tient dans leur lieu, 

et les tiendra toujours, et où toujours ils furent.26.•96 

Et celle qui voyait le doute 

dans mon esprit, dit : « Les premiers cercles 

t’ont montré Séraphins et Chérubins.•99 

Ainsi, véloces, ils suivent leurs liens, 

pour ressembler au point autant qu’ils le peuvent ; 

et ils le peuvent d’autant plus qu’ils s’élèvent.27•102 

Ces autres amours qui autour d’eux vont, 

s’appellent Trônes du divin aspect, 

parce qu’avec eux s’achève le premier ternaire;28•105 

et tu dois savoir que tous prennent plaisir 

selon ce que s’enfonce leur vue 

dans le vrai où s’apaise chaque esprit.29•108 

De là peut se voir comment se fonde 

la béatitude dans l’acte de voir, 

non dans celui d’aimer, qui est second;30•111 

et la vision est mesurée par le mérite, 

qu’engendrent grâce et bonne volonté : 

ainsi de degré en degré on avance.31•114 

L’autre ternaire, qui germe ainsi 

dans ce printemps éternel 

que le nocturne Bélier ne dépouille pas,32•117 

perpétuellement chante “Hosanna” 

en trois mélodies, qui résonnent dans trois 

ordres de joie, d’où ils se font triple.•120 

Dans cette hiérarchie sont les autres intelligences : 

d’abord les Dominations et ensuite les Vertus ; 

le troisième ordre est celui des Puissances.•123 

Puis dans les deux pénultièmes rondes 

Principautés et Archanges tournoient ; 

l’ultime est emplie d’Anges jouant.•126 

Ces ordres, vers le haut, tous, tournent leur adoration, 

et vers le bas ils l’emportent tant, que vers Dieu 

tous sont attirés et tous attirent.33•129 

Et Dionysos se mit avec tant 

de ferveur à contempler ces ordres, 

qu’il les nomma et distingua comme je le fais.34•132 

Par la suite Grégoire s’éloigna de lui;35 

mais, sitôt qu’il ouvrit les yeux 

dans ce ciel, il rit de lui-même.•136 

Et si un mortel devait énoncer sur terre une vérité 

aussi secrète, je ne veux pas que tu t’étonnes : 

car celui qui la découvrit ici la lui révéla 

avec bien d’autres vérités sur ces cercles».36•139 

 

 

Cielo nono • Primo Mobile • Un punto immobile e abbagliante e nove cerchi igni girantigli attorno • I cori angelici • Rispondenza tra i nove cerchi angelici e i nove cieli • La gerarchia degli angeli. 

Poscia che ’ncontro a la vita presente

d’i miseri mortali aperse ’l vero

quella che ’mparadisa la mia mente,•3 

come in lo specchio fiamma di doppiero

vede colui che se n’alluma retro,

prima che l’abbia in vista o in pensiero,•6 

e sé rivolge per veder se ’l vetro

li dice il vero, e vede ch’el s’accorda

con esso come nota con suo metro;•9 

così la mia memoria si ricorda

ch’io feci riguardando ne’ belli occhi

onde a pigliarmi fece Amor la corda.•12 

E com’ io mi rivolsi e furon tocchi

li miei da ciò che pare in quel volume,

quandunque nel suo giro ben s’adocchi,•15 

un punto vidi che raggiava lume

acuto sì, che ’l viso ch’elli affoca

chiuder conviensi per lo forte acume;•18 

e quale stella par quinci più poca,

parrebbe luna, locata con esso

come stella con stella si collòca.•21 

Forse cotanto quanto pare appresso

alo cigner la luce che ’l dipigne

quando ’l vapor che ’l porta più è spesso,•24 

distante intorno al punto un cerchio d’igne

si girava sì ratto, ch’avria vinto

quel moto che più tosto il mondo cigne;•27 

e questo era d’un altro circumcinto,

e quel dal terzo, e ’l terzo poi dal quarto,

dal quinto il quarto, e poi dal sesto il quinto.•30 

Sopra seguiva il settimo sì sparto

già di larghezza, che ‘l messo di Iuno

intero a contenerlo sarebbe arto.•33 

Così l’ottavo e ’l nono; e chiascheduno

più tardo si movea, secondo ch’era

in numero distante più da l’uno;•36 

e quello avea la fiamma più sincera

cui men distava la favilla pura,

credo, però che più di lei s’invera.•39

La donna mia, che mi vedëa in cura

forte sospeso, disse : « Da quel punto

depende il cielo e tutta la natura.•42 

Mira quel cerchio che più li è congiunto ;

e sappi che ’l suo muovere è sì tosto

per l’affocato amore ond’ elli è punto».•45 

E io a lei : « Se ’l mondo fosse posto

con l’ordine ch’io veggio in quelle rote,

sazio m’avrebbe ciò che m’è proposto;•48 

ma nel mondo sensibile si puote

veder le volte tanto più divine,

quant’ elle son dal centro più remote.•51 

Onde, se ’l mio disir dee aver fine

in questo miro e angelico templo

che solo amore e luce ha per confine,•54 

udir convienmi ancor come l’essemplo

e l’essemplare non vanno d’un modo,

ché io per me indarno a ciò contemplo».•57 

« Se li tuoi diti non sono a tal nodo

sufficïenti, non è maraviglia :

tanto, per non tentare, è fatto sodo!».•60 

Così la donna mia ; poi disse : « Piglia

quel ch’io ti dicerò, se vuo’ saziarti ;

e intorno da esso t’assottiglia.•63 

Li cerchi corporai sono ampi e arti

secondo il più e ’l men de la virtute

che si distende per tutte lor parti.•66 

Maggior bontà vuol far maggior salute ;

maggior salute maggior corpo cape,

s’elli ha le parti igualmente compiute.•69 

Dunque costui che tutto quanto rape

l’altro universo seco, corrisponde

al cerchio che più ama e che più sape:•72 

per che, se tu a la virtù circonde

la tua misura, non a la parvenza

de le sustanze che t’appaion tonde,•75 

tu vederai mirabil consequenza

di maggio a più e di minore a meno,

in ciascun cielo, a süa intelligenza».•78 

Come rimane splendido e sereno

l’emisperio de l’aere, quando soffia

Borea da quella guancia ond’ è più leno,•81 

per che si purga e risolve la roffia

che pria turbava, sì che ’l ciel ne ride

con le bellezze d’ogne sua paroffia;•84 

così fec’ïo, poi che mi provide

la donna mia del suo risponder chiaro,

e come stella in cielo il ver si vide.•87 

E poi che le parole sue restaro,

non altrimenti ferro disfavilla

che bolle, come i cerchi sfavillaro.•90 

L’incendio suo seguiva ogne scintilla ;

ed eran tante, che ’l numero loro

più che ’l doppiar de li scacchi s’inmilla.•93 

Io sentiva osannar di coro in coro

al punto fisso che li tiene a li ubi,

e terrà sempre, ne’ quai sempre fuoro.•96 

E quella che vedëa i pensier dubi

ne la mia mente, disse : « I cerchi primi

t’hanno mostrato Serafi e Cherubi.•99 

Così veloci seguono i suoi vimi,

per somigliarsi al punto quanto ponno ;

e posson quanto a veder son soblimi.•102 

Quelli altri amori che ’ntorno li vonno,

si chiaman Troni del divino aspetto,

per che ’l primo ternaro terminonno;•105 

e dei saper che tutti hanno diletto

quanto la sua veduta si profonda

nel vero in che si queta ogne intelletto.•108 

Quinci si può veder come si fonda

l’esser beato ne l’atto che vede,

non in quel ch’ama, che poscia seconda;•111 

e del vedere è misura mercede,

che grazia partorisce e buona voglia :

così di grado in grado si procede.•114 

L’altro ternaro, che così germoglia

in questa primavera sempiterna

che notturno Arïete non dispoglia,•117 

perpetüalemente “Osanna” sberna

con tre melode, che suonano in tree

ordini di letizia onde s’interna.•120 

In essa gerarcia son l’altre dee :

prima Dominazioni, e poi Virtudi ;

l’ordine terzo di Podestadi èe.•123 

Poscia ne’ due penultimi tripudi

Principati e Arcangeli si girano ;

l’ultimo è tutto d’Angelici ludi.•126 

Questi ordini di sù tutti s’ammirano,

e di giù vincon sì, che verso Dio

tutti tirati sono e tutti tirano.•129 

E Dïonisio con tanto disio

a contemplar questi ordini si mise,

che li nomò e distinse com’ io.•132 

Ma Gregorio da lui poi si divise ;

onde, sì tosto come li occhi aperse

in questo ciel, di sé medesmo rise.•135 

E se tanto secreto ver proferse

mortale in terra, non voglio ch’ammiri :

ché chi ’l vide qua sù gliel discoperse 

con altro assai del ver di questi giri».•139