Génial! Il n’y a pas d’autre mot pour qualifier Inferno, le site interactif créé par Alpaca1une coopérative de designers graphiques et Molotro2, un studio graphique, sous le patronage La Sociétà Dante Alighieri3. Le projet date de 2016, mais il n’a pas pris une ride. 

La Divine Comédie est d’un abord difficile: une langue belle mais parfois ardue, une foule de personnages dans laquelle il est facile de se perdre, un plan —celui de l’Enfer— certes évident si l’on a lu avec attention le Chant XI où Virgile donne les clés— mais qui peut se brouiller avec le temps… L’approche de ce chef d’œuvre de la littérature peut donc être rébarbative. C’est le génie de l’équipe pluridisciplinaire4qui est derrière le projet Inferno d’avoir su utiliser les ressources qu’offrent aujourd’hui l’interactivité et le graphisme moderne pour renouveler l’approche du texte de Dante. 

Tous les lecteurs de la Comédie ont en mémoire un certain nombre d’images, qui traduisent et représentent l’imaginaire du poète. Ce seront les sombres gravures Gustave Doré, les peintures délicates et lumineuses de William Blake, ou dans une période plus proche de nous les peintures tranchantes et magnifiques de Salvador Dali. À ces visions superbes mais figées, Giulia Bonora5, l’illustratrice d’Inferno, apporte par son dessin proche de la littérature enfantine une fraîcheur qui restitue au terme de « Comédie” son sens premier. Surtout son dessin est au service d’un projet qui se veut didactique et de son interactivité.

Inferno-interactivité

L’interactivité d’Inferno est particulièrement soignée. Très agréable et efficace.

Car dans Inferno, l’interactivité est au cœur du projet. Elle joue sur trois niveaux distincts:

  • le dessin lui-même, où chaque scène, chaque personnage, est cliquable et permet d’avoir accès directement aux vers et au Chant où il question de la scène ou du personnage.
  • en haut de la page, un menu avec trois onglets:
    • le premier donne accès à un menu déroulant —et interactif— donnant accès à chacun des cercles, girons et bolges de l’enfer;
    • le deuxième au menu des 34 chants de l’Enfer, sachant que pour chaque chant, nous aurons un rappel du lieu où se déroule l’action (la forêt, la lande, etc.), les principaux personnages et un un agrandissement du dessin qui permet ainsi de se repérer par rapport à l’ensemble;
    • le troisième donne accès à l’ensemble des personnages.6
  • sur la droite un menu —interactif— reprend la liste de tous les péchés, permettant ainsi de retrouver dans quel Chant il est question, par exemple, des « traîtres à la patrie » ou des « hérétiques ».

Pour terminer: le projet a remporté en 2017 le prestigieux « Grand prix » et le prix de la catégorie « didactique » des IIIDawards, un compétition internationale organisée par l’International Institute for Information Design

Notes

  • Dessins de Giulia Bonora