En ce mois d’octobre, l’amateur de Dante ne sait plus ou donner de la tête. C’est une avalanche de colloques plus ou moins savants, d’expositions, de manifestations et de publications, au risque de l’indigestion.

Cet embouteillage est le fruit de la conjonction de deux phénomènes. Le premier était prévu. Il s’agit du 700e anniversaire de la mort de Dante. Le second est lié à la fin —peu ou prou— des restrictions de déplacement et de réunion liées au Covid. Du coup, il devient de nouveau possible de voyager entre la France et l’Italie par exemple, d’organiser des réunions dans des salles fermées. Cette ouverture bienvenue permet de tenir des événements qui auraient du se dérouler au long de l’année 2021, et qui le sont en en un calendrier raccourci à quelques semaines. Quand aux publications, on sait à quel point les éditeurs aiment les anniversaires.

Un menu somptueux

Mais ne faisons pas la fine bouche. Le menu de cette fin d’année 2021 est somptueux si l’on regarde les évènements qui se sont déjà tenus et ceux à venir. La liste ci-dessous est loin d’être exhaustive:

  • le 14 septembre, s’est tenu à l’Institut Culturel Italien un symposium franco-italien sur La forme dell’acqua dans la Divine Comédie où il était question de la «représentation que Dante fait des fleuves et de l’eau sous touts ses formes, symboles et significations».
  • du 28 au 30 septembre, en Corse, un colloque interdisciplinaire s’est tenu à Bastia et à Corte sur le thème «Dante, la poésie et la musique en Corse»;
  • les 7 et 8 octobre, à Nancy, un colloque international sur la Mondialisation de Dante (les débats sont encore visibles ici);
  • le 8 octobre 2021, s’est tenu une journée d’études Dante: riletture, traduzioni e riscritture nelle lingue e nelle romanze, à l’Institut français de Florence;
  • du 7 au 9 octobre, l’Accademia Nazionale dei Lincei à Rome organisait  un colloque La biblioteca di Dante et à cette occasion était inauguré une exposition « immersive » sur les paysages et personnages de la Divine Comédie. Cette exposition court jusqu’au 16 janvier 2022;
  • les 14 et 15 octobre c’était au tour de la Bnf —avec l’École des Chartes— d’organiser le colloque Dante en France, qui fut l’occasion de découvrir les richesses —notamment en terme de manuscrits— qu’elle détient.
  • L’Institut Culturel Italien à Paris n’est pas en reste. Après avoir organisé en juin la magnifique exposition Drawing Dante, la Divine Comédie, moteur créatif de la bande dessinée en juin, celui-ci a tenu et tient toute une série de manifestations intéressantes. Le 13 octobre, René de Ceccatty auteur d’une traduction récente (en octosyllabes) de la Divine Comédie faisait une conférence sur Dante et la France, le 18, se tenait un colloque sur La «selva oscura»: Dante Ariosto, Tasso, le 21 octobre, un concert sur l’Univers musical de Dante, par l’Accademia dei Cameristi di Bari, et enfin le 3 novembre ce sera Julia Hartley et Dante, une sorte de carte blanche à cette jeune britannique spécialiste en littérature comparée.
  • Il ne faut pas oublier le Musée Rodin. Il organise le 22 octobre une journée d’études consacrée à Dante, qui fut l’une des sources d’inspiration majeure du sculpteur
  • Enfin, la galerie 24b crée une exposition inédite à Paris, sur la Divine Comédie, 700 ans une comédie actuelle, du 22 octobre au 12 novembre

L’édition n’est pas en reste

Les éditeurs se sont aussi mis de la partie pour célébrer le 700e anniversaire de la mort de Dante. Pour en rester à l’essentiel:

  • La Pléiade publie une nouvelle édition de la Divine Comédie, 56 ans après celle des œuvres complètes d’André Pézard dans la même collection. Pilotée par Carlo Ossola, ce volume ne contient que la Divine Comédie mais en édition bilingue, avec la traduction de Jacqueline Risset.
  • En Italie, Salerno Editrice publie le premier volume —Inferno— de la nouvelle, et très attendue, édition la Divina Commedia pilotée et commentée par Enrico Malato.
  • Une jeune maison d’édition lilloise, les éditions Laborintus, publient une nouvelle traduction de l’œuvre de jeunesse de Dante, Vita Nuova, traduite par Nacéra Guenfoud Sairou et Giovanna Paola Vergari.

Maintenant, le plus difficile: comment rendre compte de toute cette bouillonnante activité, autrement que sous forme d’un sec sommaire qui ne rend pas compte de la richesse des contributions et des débats, et qui ne détaille pas l’intérêt de ces nouvelles parutions d’œuvres majeures. C’est à cela que nous allons nous attacher dans les prochaines semaines.

  • Illustration: Image extraite de la présentation de Nathalie Coilly, Chargée de collections incunables, Réserve des livres rares, Bnf, lors des journées Dante en France des 14 et 15 octobre 2021..