- L’Enfer, Chant VI, v. 77 — Chant XVI, v. 41
- Illustration: Dante et Virgile avec les trois Florentins sur le sable ardent. (1330) — Illustration manuscrit MS Palat. 313. Biblioteca Nazionale — Florence
Tegghiaio Aldobrandi était un guelfe florentin de la puissante famille degli Adimari. Il fut Podestà d’Arezzo en 1256.
Au Chant VI, Jacopo Rusticucci fait allusion au fait qu’il aurait essayé de dissuader les Florentins de se lancer dans la désastreuse expédition contre Sienne. Elle devait aboutir à la sanglante défaite de Montaperti en 1260. L’anecdote est corroborée par Villani dans ses Nuova Cronica. Il y raconte aussi cette passe d’armes dans le camp guelfe à la veille de la bataille. Tegghiaio y est le porte-parole des nobles guelfes:
L’orateur fut pour tous messire Tegghiaio Aldobrandi degli Adimari, chevalier sage et courageux et de grande autorité; et de loin le meilleur des conseillers. Le susdit Spedito l’ancien, homme très présomptueux, poursuivit, disant avec grossièreté que celui qui cherchait sa culotte (sic) avait peur. Messire Tegghiaio leur répondit qu’ils n’oseraient pas le suivre dans la bataille là où il irait. (VII, 77)
La discussion avait pris ce tour aigre parce que le camp guelfe avait appris que celui des gibelins bannis et de leurs alliés siennois avait été renforcé par un corps de mercenaires allemands. Ces derniers avaient un engagement de trois mois au terme duquel ils seraient remerciés. Or la moitié de cette durée d’engagement s’était déjà écoulée. Dans ces conditions, la sagesse ne commandait-elle pas d’attendre le départ de ces mercenaires?
Les guelfes n’écoutèrent pas ces conseils de prudence et attaquèrent sans attendre.
Tegghiaio survécut à la bataille et se réfugia comme les autres guelfes exilés à Lucca où il devait mourir peu de temps après, en 1262.
Le cercle des trois Florentins
Dante mentionne de nouveau ce personnage au Chant XVI de l’Enfer, où il est damné avec les sodomites. Il fait partie du cercle des trois « Florentins » et se trouve en compagnie de Guido Guerra et de Jacopo Rusticucci. Ils forment une ronde pour continuer à se déplacer et éviter ainsi les flocons de feu.
Dans ce chant, il est fait allusion au comportement de Tegghiaio lors de la campagne contre les gibelins avec cette phrase où Guido Guerra regrette que celui-ci n’ait pas été écouté:
Tegghiaio Aldobrandi, la cui voce
nel mondo sù dovria esser gradita
(Tegghiaio Aldobrandi, dont la voix / sur terre aurait du être écoutée — v. 41-42)
- Sources: Dante dictionary, Paget Toynbee, Oxford, 1898, p. 22 — Dizionario della Divina Commedia, Enrico Malato, Salerno, Rome, 2018 — Wikipedia