Constance – Costanza (di Sicilia)

Constance-Costanza-Sicile-Hohenstauffen-Antonio-Holanda

Constance était la fille de Manfred et de Béatrice de Savoie et donc la petite fille de Frédéric II Hohenstaufen, dernier Empereur du Saint Empire Romain Germanique. Elle épouse en 1262, l’infant Pierre, fils du roi d’Aragon, Jacques Ier le Conquérant.

En 1276, Pierre prend la couronne sous le nom de Pierre III d’Aragon. Le couple aura plusieurs enfants qui seront amenés à régner:

  • Alphonse III qui sera roi d’Aragon (1285-1291),
  • Jacques II le Juste, roi d’Aragon (1285-1296), de Sicile (1291-1327) – cité au Chant VII du Purgatoire, v. 118-120 
  • Frédéric, roi de Sicile (1296-1337) – cité au Chant VII du Purgatoire, v.118-120 et au Chant XIX du Paradis, v. 130 et suivants.

Dante évoque à deux reprises Constance dans la Divine Comédie. Une première fois au Chant III où Manfred parle avec tendresse de sa fille «la mia buona Costanza» (v. 143). Mais auparavant il avait prononcé une phrase plus ambigüe: «mère / de l’honneur de la Sicile et de l’Aragon» (“mia bella figlia, genitrice / de l’onor di Cicilia e d’Aragona” – v.115-116). Ambigüe, car le terme «onor» sonne mal à propos de personnages dont l’un particulièrement, Frédéric, est étrillé, dans De l’éloquence en langue vulgaire (“Insensés, insensés, qu’annoncent aujourd’hui la trompe du dernier Frédéric – Livre I, XII, 5) et dans le Convivio

Prenez garde ennemis de Dieu, à ceux qui sont à vos côtés, vous qui avez les sceptres des gouvernements d’Italie —c’est à vous que je parle, rois Charles1 et Frédéric et à vous autres princes et tyrans.2

Au Chant XIX du Paradis, Dante critique encore «l’avarice et la lâcheté de celui qui garde l’île de feu» (“L’avarizia e la viltate / diquei che guarda l’isola del foco”), c’est-à-dire, le roi de Sicile Frédéric.

Dans ces conditions, l’onor dont Manfred qualifie Jacques et surtout Frédéric ne saurait être pris comme une louange même si ces deux personnages sont de par leur naissance des « seigneurs ». Mais pour Dante la noblesse est considérée comme une valeur morale et s’acquiert par la vertu. L’onor que Dante met dans la bouche de Manfred serait donc plutôt la notation ironique d’un aïeul qui voit sa descendance se déshonorer.  

Contance est évoquée une deuxième fois, par Sordello dans la “vallée des Princes”, au Chant VII du Purgatoire, par Sordello: «Tant’ è del seme suo minor la pianta, / quanto, più che Beatrice e Margherita, / Costanza di marito ancor si vanta.» (“La plante est aussi inférieure à sa semence, / que le mari de Béatrice et Marguerite / l’est à celui dont se vante Constance.”- v.127-129). En fait, Sordello explique que Constance avait en Pierre III d’Aragon un mari plus vaillant et courageux que Béatrice, fille de Raymond de Provence, qui fut la première épouse de Charle d’Anjou et Marguerite de Bourgogne qui en fut la seconde. 

Constance de Hohenstaufen se retira dans un couvent après le décès de son mari (en 1285). Elle mourut en 1302 à Barcelone.

  • Sources: Dante Dictionnary, Clarendon Press, 1848, par Paget Toynbee, p. 179; Dante Alighieri, La Divina Commedia, Purgatorio & Paradiso, commentaires d’Anna Maria Chiavacci Leonardi, Mondadori, 2005; Dante, œuvres complètes, commentaires André Pézard, Gallimard, coll. La Pleiade, Paris, 2014; Wikipedia