Dante: folle rentrée

Dante: folle rentrée

En ce mois d’octobre, l’amateur de Dante ne sait plus ou donner de la tête. C’est une avalanche de colloques plus ou moins savants, d’expositions, de manifestations et de publications, au risque de l’indigestion.

Cet embouteillage est le fruit de la conjonction de deux phénomènes. Le premier était prévu. Il s’agit du 700e anniversaire de la mort de Dante. Le second est lié à la fin —peu ou prou— des restrictions de déplacement et de réunion liées au Covid. Du coup, il devient de nouveau possible de voyager entre la France et l’Italie par exemple, d’organiser des réunions dans des salles fermées. Cette ouverture bienvenue permet de tenir des événements qui auraient du se dérouler au long de l’année 2021, et qui le sont en en un calendrier raccourci à quelques semaines. Quand aux publications, on sait à quel point les éditeurs aiment les anniversaires.

Un menu somptueux

Mais ne faisons pas la fine bouche. Le menu de cette fin d’année 2021 est somptueux si l’on regarde les évènements qui se sont déjà tenus et ceux à venir. La liste ci-dessous est loin d’être exhaustive:

  • le 14 septembre, s’est tenu à l’Institut Culturel Italien un symposium franco-italien sur La forme dell’acqua dans la Divine Comédie où il était question de la «représentation que Dante fait des fleuves et de l’eau sous touts ses formes, symboles et significations».
  • du 28 au 30 septembre, en Corse, un colloque interdisciplinaire s’est tenu à Bastia et à Corte sur le thème «Dante, la poésie et la musique en Corse»;
  • les 7 et 8 octobre, à Nancy, un colloque international sur la Mondialisation de Dante (les débats sont encore visibles ici);
  • le 8 octobre 2021, s’est tenu une journée d’études Dante: riletture, traduzioni e riscritture nelle lingue e nelle romanze, à l’Institut français de Florence;
  • du 7 au 9 octobre, l’Accademia Nazionale dei Lincei à Rome organisait  un colloque La biblioteca di Dante et à cette occasion était inauguré une exposition « immersive » sur les paysages et personnages de la Divine Comédie. Cette exposition court jusqu’au 16 janvier 2022;
  • les 14 et 15 octobre c’était au tour de la Bnf —avec l’École des Chartes— d’organiser le colloque Dante en France, qui fut l’occasion de découvrir les richesses —notamment en terme de manuscrits— qu’elle détient.
  • L’Institut Culturel Italien à Paris n’est pas en reste. Après avoir organisé en juin la magnifique exposition Drawing Dante, la Divine Comédie, moteur créatif de la bande dessinée en juin, celui-ci a tenu et tient toute une série de manifestations intéressantes. Le 13 octobre, René de Ceccatty auteur d’une traduction récente (en octosyllabes) de la Divine Comédie faisait une conférence sur Dante et la France, le 18, se tenait un colloque sur La «selva oscura»: Dante Ariosto, Tasso, le 21 octobre, un concert sur l’Univers musical de Dante, par l’Accademia dei Cameristi di Bari, et enfin le 3 novembre ce sera Julia Hartley et Dante, une sorte de carte blanche à cette jeune britannique spécialiste en littérature comparée.
  • Il ne faut pas oublier le Musée Rodin. Il organise le 22 octobre une journée d’études consacrée à Dante, qui fut l’une des sources d’inspiration majeure du sculpteur
  • Enfin, la galerie 24b crée une exposition inédite à Paris, sur la Divine Comédie, 700 ans une comédie actuelle, du 22 octobre au 12 novembre

L’édition n’est pas en reste

Les éditeurs se sont aussi mis de la partie pour célébrer le 700e anniversaire de la mort de Dante. Pour en rester à l’essentiel:

  • La Pléiade publie une nouvelle édition de la Divine Comédie, 56 ans après celle des œuvres complètes d’André Pézard dans la même collection. Pilotée par Carlo Ossola, ce volume ne contient que la Divine Comédie mais en édition bilingue, avec la traduction de Jacqueline Risset.
  • En Italie, Salerno Editrice publie le premier volume —Inferno— de la nouvelle, et très attendue, édition la Divina Commedia pilotée et commentée par Enrico Malato.
  • Une jeune maison d’édition lilloise, les éditions Laborintus, publient une nouvelle traduction de l’œuvre de jeunesse de Dante, Vita Nuova, traduite par Nacéra Guenfoud Sairou et Giovanna Paola Vergari.

Maintenant, le plus difficile: comment rendre compte de toute cette bouillonnante activité, autrement que sous forme d’un sec sommaire qui ne rend pas compte de la richesse des contributions et des débats, et qui ne détaille pas l’intérêt de ces nouvelles parutions d’œuvres majeures. C’est à cela que nous allons nous attacher dans les prochaines semaines.

  • Illustration: Image extraite de la présentation de Nathalie Coilly, Chargée de collections incunables, Réserve des livres rares, Bnf, lors des journées Dante en France des 14 et 15 octobre 2021..
Le jour d’après

Le jour d’après

Hier, mardi 14 septembre 2021 s’est achevé l’aventure #DivCo qui avait commencé 3397 jours auparavant. Elle s’est achevée le jour du 700e anniversaire de la mort de Dante Alighieri, qui s’est éteint à Ravenne dans la nuit du 13 au 14 septembre 1321. 

Le 27 mai 2012, alors que je publiais le premier “tercet” de la Divine Comédie, j’écrivais sur mon blog avec légèreté «Ce projet nécessitera une dizaine d’années avant que ne soit twitté le dernier vers du dernier chant du dernier cantique». 

Si l’on remontait à ce mois de mai 2012, nous ne serions pas dépaysés: Facebook, Instagram, YouTube, LinkedIn, Tumblr, étaient déjà utilisés massivement. Twitter avec ses 5,5 millions de twittos était loin d’être ridicule. 

J’ai donc décidé, ce 27 mai 2012, de publier quotidiennement la Divine Comédie sur Twitter pour offrir un moment de poésie le matin avec l’objectif d’installer un rendez-vous fixe. C’est pour cette raison que l’heure de publication est fixe: 8h30. 

Pourquoi la Divine Comédie? D’abord par la beauté de la poésie et aussi pour une raison technique: à l’époque les tweets étaient limités strictement à 140 caractères. Tout comptait les pseudos, les photos (c’était des liens)… Or une terzina tient en 140 signes! 

Je pouvais donc publier une terzina (trois vers) par jour, sans débord et de le faire jusqu’au dernier vers: «l’amor che move il sole e l’altre stelle» Mais j’avais oublié deux ou trois détails. Et on le sait, l’enfer se niche dans les détails. Et l’enfer avec Dante… 

Pourquoi #DivCo ?

C’est ainsi que l’explicite #divinecomédie dut, faute de place, être réduit en #DivCo, et ce dès le mardi 29 mai 2012. C’est ce dernier qui est resté à demeure. Difficile aussi au début de mettre des illustrations faute de place. 

Et puis s’est posé le problème de la traduction française dont le texte à tendance à déborder. Dans ce cas, deux tweets sont nécessaires pour la version française contre un seul pour la version originelle. Disons que cela ne facilite pas la lecture! 

Le passage aux 280 signes à la fin de l’année 2017, et d’autres innovations devaient grandement faciliter la publication. C’est à partir de ce moment aussi que j’ai systématisé le tweet d’explication (publié à 8h29 pour précéder la publication de la Divine Comédie). 

Pour respecter les horaires de publication j’ai depuis le début utilisé un service de programmation qui ne m’a jamais fait défaut: Clocktweets, imaginé par un jeune Toulonnais Jonathan Noble, a grandi et aujourd’hui s’appelle Swello. 

Sans cela il m’aurait été difficile de publier sans aucune interruption pendant 9 ans, 3 mois et 18 jours, les quelques 12 000 tweets estampillés #DivCo. À l’inverse, sans Twitter, ce projet ne serait peut-être pas aller à son terme. La publication quotidienne oblige. 

Maintenant la page est tournée. Le site ladivinecomedie.com devient le cœur du projet. Il y a tant à faire: réviser en profondeur la traduction, revoir et compléter les commentaires, compléter les notices des personnages, des lieux, des musiques et chants…  

Il faut aussi effectuer quelques réglages: le site s’affiche trop lentement, en particulier sur les téléphones portables, or aujourd’hui, la moitié des consultations se fait sur un mobile. Il faudra aussi suivre la riche actualité sur Dante et la Divine Comédie. Les prochaines années s’annoncent donc passionnantes. 

Drawing Dante: Il visibile parlare

Drawing Dante: Il visibile parlare

Il faut courir voir Drawing Dante à l’Institut Culturel Italien de Paris, avant que cette exposition ne ferme ses portes le 16 juillet prochain. Douze jeunes dessinateurs italiens ont été mis au défi de réinterpréter chacun un chant de La Divine Comédie sous forme de trois planches de BD. C’est ce travail que montre l’exposition. 

On pourrait trouver ce défi facile à relever, tant l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis décrit par Dante font aujourd’hui partie de l’imaginaire collectif occidental. Mais cette familiarité est fausse et piégeuse. 

La représentation de l’univers dantesque est le fruit d’une longue tradition iconographique entamée en premier lieu par les enlumineurs des manuscrits du XIVe siècle, puis par des artistes comme Sandro Botticelli, et plus tard par William Blake ou Gustave Doré et encore plus récemment Salvador Dali et tant d’autres.

Comme un clin d’œil, l’exposition reprend quelques planches et illustrations parmi les plus célèbres des Fumetti danteschi d’un passé proche, telles celles de Lorenzo Mazzoti,  Milton Glaser, Mœbius ou encore Seymour Chwast, sans oublier celles “manga” de Gō Nagaï ou le génial Inferno di Topolino d’Angelo Bioletto publié chez Disney dans les années 1950. 

«Ces scènes peuvent être faites par la main de Dieu»

Le défi pour les artistes a donc été de dépasser cette richesse d’interprétation.

«J’ai choisi le cercle des Vaniteux (Chants X et XI du Purgatoire) car Dante se met en scène lui-même», explique Silvia Rocchi. «Avec Virgile, il marche, il pose ses pieds sur des exemples qui sont “à punir”, et il se promène devant des bas-reliefs qui sont les exemples à suivre. Tous deux observent cela en se disant que ces scènes pourraient être faites par la main de Dieu»

Le difficile chemin auquel s’est confronté Silvia Rocchi, et celui auquel Dante lui-même s’est heurté auparavant. C’est un débat —Huc pictura poesis1— qui depuis Horace traverse la littérature occidentale, analyse Alessandro Benucci, maître de conférence à l’université Paris-Nanterre: 

Il y aurait une façon propre au divin de pouvoir représenter quelque chose que la parole n’arrive pas à représenter. Dante nous dit que cette confrontation est atteinte seulement par Dieu, mais Dante en décrit quelque part la faisabilité. Le défi qu’il lance à sa propre langue et d’atteindre ce visibile parlare qui serait le propre de Dieu, mais la Divine Comédie lui permet de le faire.

Au Purgatoire, «le temps passe»

Pour atteindre cette “faisabilité”, Giacomo Gambineri a choisi de travailler sur le Purgatoire, car dans ce cantique «le temps passe» à l’inverse de l’Enfer et du Paradis, et dans la partie qu’il a choisi, l’entrée dans le Paradis terrestre (Chants XXVIII, XXIX et XXX du Purgatoire), deux fleuves s’écoulent, le Léthé et l’Eunoé et tous deux sont liés à la mémoire. Aussi, il explique avoir 

essayé de représenter ce moment, qui m’a touché, où Dante et Virgile se saluent. Dante voit son attention détournée par une parade allégorique et quand il se retourne son compagnon a disparu. Ensuite il va retrouver Béatrice. Mais je voulais m’attacher au moment de l’adieu: la dimension de la mémoire, le personnage qui vous suit qui explique les choses, revenir au moment de l’éternité.

Chaque dessinatrice et dessinateur a ainsi abordé l’œuvre de Dante à sa manière: quasi littérale pour Silvia Rocchi et Giacomo Gambineri, qui se sont appuyés sur les dialogues de La Divine Comédie pour construire leur récit. Giulio Rincione préfère jouer sur la force expressive de ses illustrations pour nous mener Dante et Virgile de l’âpre “forêt des suicidés” aux flammes qui enserrent un Ulysse au discours brûlant. 

Les dessins psychédéliques et hallucinés d’Elisa Macellari

On peut être saisi par la mise en abîme du Chant XXXII de l’Enfer, celui des traîtres, que fait Spugna, ou par la poétique historiette que puise Eliana Albertini dans le Chant II du Purgatoire, ou encore par la féroce caricature de Vincenzo Filosa, dans laquelle Béatrice s’échappe («fuori dalla tua portata») d’un Dante, humain médiocre parmi les médiocres. 

D’autres préféreront peut-être la puissance du trait d’Elisa Macellari dont les couleurs vives et tranchées rappelleront aux plus anciens visiteurs les dessins psychédéliques et hallucinés des années 1960-1970, ou l’histoire-shaker de Tommy Gun, dans laquelle le “Dante  personnage” est sauvé in extremis d’un voyage au-dessus de ses forces par une Béatrice compatissante et maternelle.

Autant d’histoires, autant de modes de narration qui font vivre la parole de Dante, la rende plus vivante et toujours plus contemporaine.

Illustration:
Dessin extrait de la BD réalisée par Giacomo Gamberini pour l’exposition Drawing Dante

Note
L’exposition Drawing Dante se tient à l’Institut Culturel Italien de Paris, 50 rue de Varennes, 75007 Paris du 23 juin au 16 juillet 2021. Entrée libre.

 

 

Robert Hollander: le géant américain

Robert Hollander: le géant américain

«Ici, le Professeur Robert Hollander enseigna La Divine Comédie pendant 35 ans». La plaque est encore accrochée dans la salle 111 du East Pine Hall de Princeton. Robert Hollander, qui vient de disparaître le 20 avril 2021 à 87 ans, était un des meilleurs connaisseurs de Dante et de La Divine Comédie. Sans doute était-il connu en France des seuls spécialistes, mais dans le monde anglo-saxon et en Italie il en allait tout autrement. Il laisse derrière lui une œuvre immense.

L’ouvrage que le public anglo-saxon retiendra peut-être, parmi les très nombreux livres qu’il a consacrés à Dante, à Boccace et à la littérature médiévale, sera sa traduction en langue anglaise de La Divine Comédie. Il la réalisa à quatre mains avec son épouse, décédée également, la poétesse Jean Hollander (Jean Haberman, de son nom de jeune fille). Si l’on en croit une interview qu’ils accordèrent au Weekly Bulletin de Princeton, ce travail commun ne fut pas facile: 

«Très souvent», reconnaît Jean, «en essayant de rendre le texte plus poétique, j’en ai modifié légèrement le sens. Je lisais un passage que je trouvais mort et voulais l’animer. Mon mari insistait: “Non, ce n’est pas ce que dit Dante”. Il a souvent gagné, car il en sait plus sur Dante que moi. Sur la poésie je peux argumenter, mais non sur ce que signifient ces lignes.» 

Leur choix fut d’utiliser un type de vers utilisé fréquemment dans la langue anglaise le pentamètre iambique non rimé. Le fait que dans la poésie anglaise la métrique repose sur l’accentuation des syllabes et non sur la longueur des syllabes permit à Jean Hollander de donner à sa traduction un rythme proche du texte de Dante. Voici par exemple, un extrait assez long de la traduction « Hollander ». Il s’agit des quatre premières terzine du Chant XXII du Paradis.

As the bird among the leafy branches that she loves,
      perched on the nest with her sweet brood
      all through the night, which keeps things veiled from us,
who in her longing to look upon their eyes and beaks
     and to find the food to nourish them —
     a task, though difficult, that gives her joy—
now, on an open bough, anticipates that time
     and, in her ardent expectation of the sun,
     watches intently for the dawn to break,
so was my lady, erect and vigilant,
     seeking out the region of the sky
     in which the sun reveals less haste.

À comparer avec la version originale:

Come l’augello, intra l’amate fronde, 
     posato al nido de’ suoi dolci nati 
     la notte che le cose ci nasconde, 
che, per veder li aspetti disïati, 
     e per trovar lo cibo onde li pasca, 
     in che gravi labor li sono aggrati, 
previene il tempo in su aperta frasca, 
     e con ardente affetto il sole aspetta, 
     fiso guardando pur che l’alba nasca; 
così la donna mïa stava eretta 
     e attenta, rivolta inver’ la plaga 
     sotto la quale il sol mostra men fretta:

Cette traduction sera publiée dans une édition « savante”, dans laquelle «les notes d’après mes comptes, s’amusera la critique littéraire Joan Acocella, sont trente fois plus longues que le texte. (…) Le but de Hollander est de nous dire tout ce que Dante savait —surtout tout ce qu’il lisait— qui aurait pu contribuer à la composition de La Divine Comédie1

Deux projets numériques sur Dante

Cette soif encyclopédique et cette volonté généreuse de faire partager ses connaissances devaient se concrétiser en deux projets numériques online, aujourd’hui indispensables à quiconque s’intéresse à Dante et à La Divine Comédie

Le premier d’entre eux est en quelque sorte le prolongement de ses cours et se concrétisera sous la forme du Princeton Dante Project. On y retrouve certes sa traduction versifiée de La Divine Comédie, mais le projet est beaucoup plus ample, puisqu’il se veut multimédia et recouvre l’ensemble de l’œuvre du Sommo Poeta. Le visiteur pourra en effet écouter le texte originel, et sa traduction, lire les commentaires, découvrir les plans de l’Italie et des villes à l’époque où vécu le poète, etc. 

Le deuxième, le Darmouth Dante Project est peut-être encore plus indispensable. On y trouve en ligne plus de soixante-dix commentaires (dans leur langue d’origine) sur La Divine Comédie, à commencer par les tous premiers: ceux des fils de Dante, Jacopo et Pietro Alighieri, de Jacopo della Lana, Francesco da Buti… Le DDP a enfanté depuis le Dante Lab Reader. Dans une interface plus moderne, il donne accès dans une même fenêtre au texte original, à une traduction, qui peut être celle de Longfellow, de Hollander ou encore en français celle de Alexandre Cioranescu (1964) et aux commentaires sur le chant que l’on veut consulter. 

Aujourd’hui, il est sans doute difficile d’apprécier à sa juste mesure ce que pouvaient avoir de pionnier ces deux projets  lorsqu’ils furent lancés dans les années 1980 pour le Darmouth Project (refondu en 2004-2005) et vers l’an 2000 pour le Princeton Dante Project, alors que le web était encore balbutiant. Quasiment quarante ans plus tard, ces outils s’ils ont conservé leur appellation initiale de project, sont matures et se révèlent chaque jour plus utiles et nécessaires. C’est peut-être cela le plus beau legs que nous ait laissé Robert Hollander en nous quittant. 

  • Bibliographie sommaire
    • Allegory in Dante’s Commedia, Princeton University Press, 1969
    • Dante, a Life in Works, Yale University Press, 1981.
    • Studies in Dante, publié en italien par Longo Angelo, Ravenne, 1980, qui regroupe une sélection parmi la centaine d’articles consacré au poète florentin, sa biographie Dante, a Life in Works 2Yale University Press, 1981.
    • Il Virgilio dantesco: tragedia nella Commedia, trad. d’Anna Maria Castellini & Margherita Frankeld, Olschki, 1983
    • Dante’Epistle to Cangrande, University of Michigan Press, 1994
    • Inferno, Purgatorio et Paradiso, avec Jean Hollander, Doubleday
Neuf années avec Dante

Neuf années avec Dante

Déjà neuf ans que La Divine Comédie est publiée sur Twitter sous le hashtag #DivCo. Cette publication s’achèvera le 14 septembre 2021, jour anniversaire de la mort du poète. Pour autant l’aventure est loin d’être terminée. Le site ladivinecomedie.com, qui en est l’enfant, va continuer à vivre, à s’actualiser et à s’enrichir dans les semaines, les mois et les années à venir. 

Il y a neuf ans, le 27 mai 2012, un dimanche midi, était publié la première terzina de La Divina Commedia, «Nel mezzo del cammin de nostra vita». Depuis, chaque jour, sans aucune interruption, pendant 3287 jours (il y eut deux années bissextiles, 2016 et 2020) une terzina (souvent deux, parfois trois) ont été publiées à 8h 30 sur Twitter, sur mon compte @mediatrend. Elles sont suivies de leur traduction française, une minute plus tard. 

Lors de la publication du premier Cantique, l’Enfer, un tweet explicatif, permettant de situer la terzina dans son contexte, était publié une minute auparavant. Depuis le Purgatoire, ils sont systématiques, en raison de la complexité croissante de le poésie de Dante.

Sur Twitter, le hashtag #DivCo

C’est donc une petite cascade de trois (minimum) à parfois neuf tweets qui est publiée quotidiennement. J’ai délibérément conserver un mode de publication archaïque me contentant du même hashtag #DivCo, raccourci de #DivineComédie. Pour la petite histoire les deux ou trois premiers tweets utilisaient #DivineComédie, mais la limitation à 140 caractères qu’imposait Twitter à l’époque ne m’a pas permis de le conserver. Par la suite dans un soucis de cohérence, j’ai conservé #DivCo. Un lecteur curieux peut donc retrouver l’ensemble de La Divine Comédie sur Twitter grâce à ce hashtag.

Tout cela devrait s’achever —sauf incident majeur— le 14 septembre 2021, pour le jour anniversaire de la mort de Dante Alighieri. 

Ce qui n’était pas prévu lorsque j’ai publié le premier tweet, c’est que je me lance dans la traduction de La Divine Comédie. Cela s’est imposé comme une évidence au fil du temps. Et du temps il m’en faut: au total, cette traduction m’aura pris plus de neuf ans. Et je ne regrette pas ce temps passé, les difficultés inouïes rencontrées. Cela m’a permis d’entrer dans l’intime du texte, dans sa poésie, dans sa beauté, dans sa profondeur, d’un manière qu’il m’aurait été impossible d’atteindre autrement.

Dans le sillage du poète

Bref, dans ma «piccioletta barca», j’ai essayé de suivre le «solco» (sillage) du poète «per l’alto sale» (la haute mer) sur «l’acqua ch’io prendo già mai non si corse; / Minerva spira, e conducemi Appollo, / e nove Muse mi dimostran l’Orse» (L’eau que je prends n’a jamais été courue; / Minerve y souffle, et Apollon me conduit, / et neuf Muses me montrent l’Ourse. — Paradis, Chant II, v. 7-9). Avec ma traduction, j’ai essayé de suivre son sillage et j’espère ne pas m’être perdu. 

 La création du site ladivinecomedie.com n’était également pas prévue. Au commencement des publications, pour ne pas perdre les traductions et les explications, je les avait regroupées sur un outil en ligne qui s’appelait Storify. Un système d’archivage très simple qui fonctionnait par « glissé-déposé”. Las, en mai 2018 (hasard des dates?), Storify fermait ses portes.

Quatre principes pour guide

Il me fallait donc trouver une solution. J’ai opté pour la création d’un site, celui sur lequel vous êtes actuellement. Là aussi j’ai beaucoup tâtonné, et je suis bien conscient d’être loin de la perfection. Mais quatre principes m’ont guidé. 

  • Le texte devait être publié en français et en langue originale côte-à-côte (ou face à face si l’on préfère), dans la version desktop afin que le lecteur puisse se reporter indifféremment à l’un ou l’autre texte. 
  • Le système de notes devait être intégré dans le texte (français), être présent, mais peu visible pour ne pas gêner la lecture. La lectrice, le lecteur qui ne souhaite pas se perdre dans les notes et lire le texte seul ne devant pas être gêné. 
  • Ce site devait être une plateforme renvoyant sur d’autres sites consacrés à La Divine Comédie. Il s’agit d’une sélection en trois langues: français, italien et anglais. 
  • Enfin, je souhaitais que le site s’inscrive dans l’actualité. 

Ce site n’est pas achevé, pour autant qu’il le soit un jour.

Pour l’instant, il reste —à ce jour— les quatre derniers chants du Paradis à traduire, annoter et publier. Il faut également rédiger les notes d’une cinquantaine de chants, compléter la « mini-encyclopédie dantesque » que je constitue sur les personnages, lieux, anecdotes, musiques, citations. Il manque, a minima, 200 entrées. Il me semble également nécessaire de rédiger une introduction pour chaque chant. En parallèle, dès le 14 septembre, j’entamerai la révision complète de la traduction, et celle des notes déjà publiées. 

Le site s’installe sur la toile

Sur un plan plus technique, il me faut aussi améliorer l’ergonomie du site, sa vitesse de chargement que je trouve relativement peu rapide, faire en sorte qu’il soit plus « mobile friendly”. etc.  Ce chantier devrait prendre environ deux années.

Ce qui m’encourage dans cette entreprise ce sont les chaleureux encouragements que je reçois de la part de lecteurs, et le fait que petit à petit, le site s’installe sur la toile. D’une année sur l’autre, le nombre de visiteurs quotidiens à triplé: aujourd’hui, le site reçoit plus de cent visiteurs quotidiens, soit plus de 3.000 par mois. 

De manière surprenante, l’écrasante majorité d’entre eux viennent soit directement, soit via un moteur de recherche (Google) mais très peu par les réseaux sociaux. Je dis « surprenante » car tout cela est né d’une publication sur Twitter.

Bref, l’aventure continue et ne cesse de s’enrichir. Au plaisir de vous retrouver sur le site, et de partager une passion commune pour Dante, La Divine Comédie et la poésie. 

Notes

Pour ceux que l’histoire de #DivCo intéresse, j’ai regroupé ici quelques articles publiés au fil des ans sur ce site où sur un blog aujourd’hui arrêté: 

Dante, par Elisa Brilli et Giuliano Milani

Dante, par Elisa Brilli et Giuliano Milani

Le Dante d’Elisa Brilli et de Giuliano Milani est une tresse. L’un de ses brins est composé des rares documents qui attestent l’activité citoyenne, politique, culturelle et diplomatique du poète dans l’Italie du Nord d’un Moyen Âge finissant. L’autre brin est constitué de ses œuvres, sorte de contrepoint dans lesquelles Dante lui-même retrace sa vie, ses ambitions, ses échecs et ses espoirs.

C’est sur cette matière d’autant plus friable que Dante «ne cesse de réécrire son parcours dans ses œuvres» qu’est construit ce Dante. Son sous-titre Des vies nouvelles, s’il est un clin d’œil au premier libello du poète florentin, raconte aussi une entrée dans cette «forêt obscure» qu’est la vie du poète et les chemins multiples qu’il faut parcourir au risque de s’égarer pour essayer de le suivre.

Mais que nous apporte de nouveau ce livre? Nous pourrions nous satisfaire, pour en rester aux récentes biographies francophones, du remarquable Dante d’Enrico Malato1, fruit d’une vie de recherches sur le poète et son œuvre. Tout comme pourrait nous contenter le très récent Dante d’Alessandro Barbero,2 qui retrace avec verve son parcours entre une Florence, qui le porte au sommet des responsabilités politiques, avant de le condamner à l’exil et à une errance à travers l’Italie du Nord.

Le statut professionnel de Dante: poète

Dès les premières pages, les doutes sont balayés, même si la lecture peut être déroutante pour un béotien. L’ouvrage ne cède pas à la facilité en s’appuyant et analysant de nombreuses références poétiques, en particulier des œuvres de jeunesse peu connues du grand public. Mais le choix de reporter en fin d’ouvrage, le copieux appareil de notes (et l’épaisse bibliographie) facilite grandement la lecture.

Le portrait de Dante que dressent Brilli et Milani est celui d’un homme dont l’identité s’est faite par la poésie et pour la poésie, et cela dès son plus jeune âge. Ce sera d’ailleurs son seul «statut professionnel» tout au long de sa vie. Explorant la décennie qui s’étend de 1283 à 1293, dans le chapitre qu’il baptise Adolescence, ils relèvent:

Le jeune Dante fait de la poésie. Il en fait avec une intensité qui n’a pas d’égal dans son entourage. (…) Dante achève une poésie tous les deux mois, si on se limite aux poèmes dont la paternité est certaine; une tous les douze jours si on lui attribue le Fiore.

Une activité débordante surprenante, puisque le poète —qui n’a pas de métier— n’en tire aucune rémunération. Il n’est ni jongleur ni ménestrel ni homme de cour. C’est la preuve avance Elisa Brilli et Giuliano Milani

d’une passion et d’un choix de vie, autant qu’un moyen de promotion individuelle et, au fur et à mesure qu’il se fait connaître dans le milieu florentin, sociale.

Le «Je» de la personnification

Pour autant, notre poète ne fait pas de la poésie par simple jeu intellectuel. Au cours de ces années, il va explorer, utiliser, remanier et réinventer. Par exemple, il va jouer de la personnification. Celle d’Amour bien sûr, mais aussi de Mélancolie, d’Ire, de Douleur ou encore de la Mort. Lui-même va, en quelque sorte, se dédoubler en un “Je” qui sera souvent le narrateur de la poésie.

Mais les deux auteurs insistent, ce jeu d’écriture n’en est pas un. Ils prennent pour exemple la canzone Donna pietosa e di novella etate3, que Dante va reprendre dans la Vita Nuova:

La donnée fondamentale que Donna pietosa livre, tant pour l’histoire culturelle que pour les récits de soi à venir de Dante, est la valeur de la mort et de la méditation sur la mort pour tout homme à la fin du Moyen Âge. Avant tout, cette chanson est le témoin de la nonchalance avec laquelle un jeune homme curieux d’expérimenter l’écriture en jouant avec les personnifications, les visions et les registres, peut transgresser le terrain de l’intériorité traditionnellement réservé à la poésie d’amour, pour en arriver à décrire les limites de l’expérience terrestre et, à peine entrevu, l’au-delà.

Une audience et un communauté à conquérir

Les enjeux de sa poésie sont multiples pour Dante. Il cherche notamment à travers un dialogue avec d’autres poètes, mais aussi dans la recherche de ce que l’on appellerait aujourd’hui une “audience” ou une “communauté” à acquérir “un espace légitime et public”. Ce sont ces enjeux qui se retrouvent exacerbés lors de la publication de la Vita Nuova:

Il ne s’agit pas là d’un pari littéraire à proprement parler, mais d’un pari plus radical encore: faire en sorte que l’activité littéraire en langue vernaculaire soit socialement reconnue et dotée d’une valeur supérieure à celle d’échange (qu’à la poésie pour les ménestrels qui gagnent ainsi leur vie) ou de divertissement plus ou moins engagé (…). Un tel pari est vital pour le jeune Dante (…) il mobilise, sélectionne et réorganise sa production lyrique dans un ouvrage qui a l’ambition de donner la preuve de ses qualités éthiques, artistiques et intellectuelles auprès d’un public élargi.

La vie de Dante, sur le plan politique, va s’emballer dans la dernière décennie du XIIIe siècle. Sa carrière éclair commence en 1295 et s’achève en 1301 par l’ambassade particulièrement importante à Rome.

Comment s’explique cette ascension extrêmement brutale qui voit un “inconnu” n’appartenant ni à une des familles nobles ni à l’une de celles qui dominent l’activité économique de Florence accéder aux principales responsabilités politiques de la cité?

L’influence des Ordres mendiants

Elisa Grilli et Giuliano Milani formulent l’hypothèse que Dante aurait reçu un sérieux coup de pouce de la part des ordres mendiants, Franciscains et Dominicains:

Si l’on considère cette présence politique des ordres mendiants (à Florence — Ndr), la contemporanéité entre la fréquentation de leurs couvents de la part de Dante et les premières traces de son engagement dans les institutions de la Commune semble loin d’être une coïncidence fortuite.

Mais on le sait cette carrière politique ambitieuse a été brisée par le retour des guelfes noirs dans les fourgons de Charles de Valois, l’éviction des guelfes blancs et pour Dante la condamnation à l’exil.

Pour lui, c’est une catastrophe et il le dira dans l’admirable chanson de l’exil, Tre donne intorno al core mi son venute:

«(…) E io, che ascolto nel parlar divino

consolarsi e dolersi

così alti dispersi,

l’essilio che m’è dato, onor mi tegno:

ché, se giudizio o forza di destino

vuol pur che il mondo versi

i bianchi fiori in persi,

cader co’ buoni è pur di lode degno.

(…)

Canzone, uccella con le bianche penne;

canzone, caccia con li neri veltri,

che fuggir mi convenne,

ma far mi poterian di pace dono.

Però nol fan che non san quel che sono:

camera di perdon savio uom non serra,

ché ’l perdonare è bel vincer di guerra.

(Et moi qui écoutait leur parler divin / se consoler et plaindre / de si noble bannis, / je tiens pour un honneur l’exil qui m’est donné: / car si jugement ou force du destin, veut que le monde change / les fleurs blanches en fleurs sombres, / tomber avec les bons reste digne de louange. (…) Chanson, chasse avec les plumes blanches, / chanson, chasse avec les chiens noirs / que j’ai du fuir / quand ils pouvaient me faire don de la paix. / Mais ils ne le font pas, ne sachant qui je suis: / le sage homme ne ferme pas la chambre du pardon, / car pardonner est belle victoire de guerre.)

Le fait d’avoir été banni devient une marque de distinction

Cette chanson était destinée à être commentée dans le Livre XIV de son Convivio, mais l’ouvrage restera inachevé. Elle a peut-être été composée en 1302-1304, soit au début de son bannissement. Mais au-delà des questions de datation des œuvres, qui est très délicate durant la période d’exil, l’importance de ce poème tient à d’autres facteurs:

Non seulement le fait d’avoir été banni devient une marque de distinction, mais c’est ce qui permet de faire le pont entre son expérience individuelle et celle universelle de l’humanité, ainsi qu’entre la poésie d’amour pratiquée autrefois et les thèmes moraux et doctrinaux.

Ce sont d’ailleurs les écrits de Dante pendant cette période, et en particulier les épîtres qui lui sont attribuées (au nombre de 13) qui permettent d’éclairer quelque peu les premières années de la période d’exil.

C’est une version nuancée de cette période que proposent les deux auteurs, refusant de prendre pour argent comptant «le récit autobiographique que Dante tissera une dizaine d’années plus tard», notamment dans La Divine Comédie. Une version dramatisée qui l’aurait vu rompre brutalement avec le parti des Blancs pour faire «parte per se stesso» (part(i) pour soi-même).

Deux mondes interdépendants

Au contraire, Elisa Brilli et Giuliano Milani préfèrent mettre l’accent sur «la nature fluctuante des appartenances et les échanges continus qui relient ces deux mondes», à savoir le monde communal, celui des villes comme Florence, Arezzo, Pise… et le monde courtois des Malaspina, Guidi, della Scala… «Tous deux, soulignent-ils, sont les deux parties complémentaires et interdépendantes d’un même univers». Ils ajoutent «les allers-retours en factions (gibelins, guelfes blancs et noirs) ne sont pas du tout exceptionnels».

En tout cas, c’est bien le même poète, celui qui a expérimenté formellement dans sa jeunesse à Florence, qui s’attaque dans cette période d’exil à ce “monument” qu’est La Divine Comédie. Une notion qui interroge et qui a amené certains chercheurs à privilégier la notion de “document” ou si l’on préfère d’instant book. La Comédie serait alors «un livre d’actualité rédigé sous la pression des contingences.»

C’est une troisième voie séduisante que proposent les deux auteurs, celle d’un livre “testament”:

Le terme serait à prendre d’abord dans le sens courant de l’époque de Dante: un acte écrit à la première personne, en tout état de conscience et volonté, servant à «sauver son âme et se perpétuer», et qui se caractérise par ce que les juristes appellent sa «révocabilité», c’est-à-dire le fait de pouvoir être mis à jour.

Une nouveauté absolue dans la littérature médiévale

Une vision séduisante, car d’une part elle permet de «penser la raison pour laquelle l’écriture du poème est susceptible d’évolution» et d’autre part, elle permet de placer au centre de l’analyse le «je», un testament étant lié à son rédacteur. C’est une innovation radicale, remarquent-ils, car ce personnage-narrateur de La Comédie «est une nouveauté absolue dans la littérature médiévale».

Il permet aussi à Dante de renouer avec ses expérimentations de jeunesse en utilisant de nouveau le procédé du «récit de soi»:

«Loin d’être des «moments», les références à la vie de Dante constituent une partie essentielle du poème car toute affirmation concernant le personnage-narrateur affecte également la raison d’être de la Commedia dans son ensemble.»

Pour autant Elisa Brilli et Giuliano Milani se refusent tout au long de leur Dante à traiter ces «récits de soi» comme des sources biographiques, mais plutôt à les prendre «comme objets d’études et donc d’histoire en soi».

Ce choix leur permet d’aborder de manière beaucoup globale la vie du poète, en refusant de s’enfermer dans «les détails érudits, que l’on ne pourra probablement jamais établir». C’est le cas par exemple pour le poème Tre donne, mais aussi pour la datation précise de la plupart de ses épîtres, ou encore celle de la rédaction de ses œuvres majeures que sont le Convivio, le De Vulgari eloquentia et bien sûr de La Commedia.

Ce renoncement s’avère fécond, puisqu’il permet de redonner une cohérence aux grandes phases de la vie de Dante, son adolescence, sa jeunesse à Florence, sa jeunesse en exil, sa vieillesse, mais aussi une cohérence à une vie toute entière consacrée à l’écriture et à la poésie et qui fait désormais partie de notre mémoire. 

Notes

  • Dante, Des vies nouvelles, par Elisa Brilli et Giuliano Milani, Fayard, Paris, 2021
  • Elsa Brilli est professeure de littérature médiévale à l’université de Toronto (Canada). Elle a déjà publié Firenze e il profeta (Carroci, Rome, 2012), dirigé Dante’s Biographies and Historical Studies: An Ouverture publié dans le volume 136 des Dante Studies (John Hopkins University Press, Baltimore, 2018) et avec Justin Steinberg et Williams Robin l’International Seminar on Critical Approaches to Dante.
  • Giuliano Milani est professeur d’histoire médiévale à l’université Gustave Eiffel Paris-Est. Il a déjà publié L’Homme à la bourse au Cou, Généalogies et usage d’une image médiévale (Presses Universitaires de Rennes, 2019). Sous sa direction et celle de Teresa De Robertis, Laura Regnicoli et Stefano Zamponi le Codice diplomatico dantesco, dans la Nuova edizione commentata delle opere di Dante (Salerno Editrice, Rome, 2016). Il a également co-dirigé avec Antonio Montefusco Dante attraverso i documenti. II. Presupposti e contesti dell’impegno politico a Firenze (1295-1302)