L’uovo di Dante

L’uovo di Dante

L’histoire de l' »œuf de Dante » est délicieuse. Elle entend illustrer la prodigieuse mémoire du poète. 

Dante assis sur un banc à Florence est interpelé par un compatriote, qui lui demande à brûle-pourpoint quel est pour le lui le meilleur plat. Dante répond: «un œuf!». 

Les deux interlocuteurs se séparent. Puis passe une année pendant laquelle, guelfes blancs et noirs s’affrontent violemment. Au terme de cette année Dante est de nouveau assis à méditer sur le même banc. Son compatriote passant par là, le voyant, lui demande abruptement «et avec quoi?». Dante ne se démonte pas et lui répond immédiatement: «Avec du sel!». 

La Rai Scuola a réalisé une petite vidéo sur cette anecdote que l’on peut voir ici 

Pourquoi lire Dante aujourd’hui ?

Pourquoi lire Dante aujourd’hui ?

Depuis 2015 circule un texte de Claudio Giunta, un enseignant et chercheur italien sobrement intitulé “Perché uno dovrebbe leggere Dante ?” [Pourquoi devrait-on lire Dante?],  un texte qui est de facto un manifeste.

Son point de départ tient en une question: pourquoi sept siècles après sa mort, l’œuvre de Dante, et en particulier La Divine Comédie, est encore lue, enseignée, commentée et  discutée?

Comment peut-on s’intéresser, dit-il en substance, à ce long —très très long— poème écrit dans un contexte politique, économique, social, religieux, radicalement différent du nôtre. Pire ajoute-t-il : «Non seulement La Comédie parle de choses qui sont très éloignées de notre expérience, (…) mais en plus elle en parle d’une manière terriblement compliquée. La Comédie est peut-être la seule grande œuvre littéraire occidentale qui ne peut pas être lue sans commentaire et sans avoir à côté de soi une bonne encyclopédie.» Car Dante suggère toujours mais n’explique jamais, laissant son lecteur du XXIe siècle devant une série d’énigmes; qui sont Bonturo, la Pia, etc. ? Quelle ville abrite San Zita?

Autre obstacle: le fait que La Comédie soit écrite en vers, selon les codes rigides du XIIIe et du début XIVe siècles. «Il y avait des règles précises sur la manière de composer une poésie, un drame, un poème, et sur ce qu’une poésie, un drame, un poème pourraient dire.» On est loin de la liberté formelle contemporaine.

Et pourtant! Il suffit de se laisser porter par le texte. Il n’est nul besoin d’être un croyant pour lire la Comédie: «Personne ne vous demande de croire en ce que Dante croyait, dit le poète T.S. Eliot, car votre croyance ne vous apportera pas un sou de plus de compréhension et d’appréciation; mais ce qui vous est demandé, de plus en plus, c’est de comprendre cette croyance. Si vous êtes capable de lire de la poésie en tant que poésie, vous “croirez” à la théologie de Dante exactement comme vous croyez à la réalité de son parcours.»

Claudio Giuta retourne ainsi tous les arguments qui voudraient faire de La Divine Comédie un objet littéraire du passé. Les personnages ? Ils sont aussi éloignés de nous en fait que ne le sont Mme Bovary ou le Leopold Bloom de Joyce. Son éloignement temporel ? Il met Dante à l’abri de toute accusation de kitsch: «Qui pourrait aujourd’hui, sérieusement,  raconter comment, grâce à l’intercession de saint Bernard et de la vierge Marie, il parvient à voir Dieu»?

Demeure un redoutable obstacle: de nombreux passages de la Comédie sont incompréhensibles en raison «des allusions à des livres que nous ne connaissons pas ou par des circonstances historiques oubliées». Il n’est pas rare que dans certains passages Dante mêle des références à l’histoire grecque, romaine, à la Bible, à des événements contemporains, à des concepts qui nous sont étrangers. C’est un défi, au lecteur de le relever.

«Si nous lisons la Comédie avec l’attention qu’elle exige, dit Claudio Giuta, nous obtiendrons au final non seulement l’émotion et le plaisir que donnent un tel récit, un récit qui nous parle de plusieurs manières inattendues: la disparition, le sens de la faute, le voyage avec ses scénarios prodigieux, le repentir, le bonheur à atteindre… S’obtiendront aussi l’émotion et le plaisir que donne le savoir: ce sont deux mille ans d’histoires et de livres filtrés par Dante – l’histoire qu’il connaissait, les livres qu’il avait lu, et son interprétation de tout cela.»

En cela souligne-t-il la Comédie est fondamentalement différente d’une encyclopédie. L’histoire que raconte Dante est partiale —souvent partisane— les jugements sur les personnes et les événements arbitraires, mais ce qui est passionnant est «ce récit se confronte à notre propre partialité et à notre manière de voir.»

Early Music in Bruges: un pèlerinage musical de l’Enfer au Paradis

Early Music in Bruges: un pèlerinage musical de l’Enfer au Paradis

La Divine Comédie est musique: celle de la langue magnifique de Dante, celle des sphères qui tournent dans le ciel du Paradis, celle encore des chants religieux qui portent les ombres des pécheurs du Purgatoire, et aussi la cacophonie bruyante et désordonnée de l’Enfer.

L’œuvre, nourrie de la musique des troubadours provençaux et de la force des chants religieux, devait inspirer de nombreux compositeurs au fil des siècles. Puisant dans cet immense répertoire, les organisateurs du MA Festival —Early Music— de Bruges, se sont attachés à construire un “parcours musical” cohérent, qui a mené les spectateurs “de l’Enfer au Paradis”, du vendredi 4 au dimanche 13 août 2017.

Pour conserver une trace de cette intéressante programmation, voici un aperçu de ce parcours musical (avec d’autres interprètes!), de l’esprit dans lequel les œuvres musicales sont jouées, et des compagnies qui les interprètent.

L’Orfeo de Monteverdi a ouvert le 4 août, ce pèlerinage musical. Un début en douceur pour cette “favola in musica”, créée en 1607, où le héros s’efforce de sauver sa femme décédée, Eurydice, des Enfers.

Le mardi 8 août, les spectateurs sont toujours avec Orphée, mais avec l’opéra de chambre écrit par Marc-Antoine Charpentier, vers 1686, “Orphée aux Enfers”.

– Plus complexe, le dimanche 5 août, avec La Casa del Diavolo [la maison du diable] proposée par les musiciens de B’Rock. Leur visite de l’enfer suit une trame délicate où la symphonie La Casa del Diavolo de Boccherini fera écho au « Sturm und Drang » de la symphonie La Passione de Haydn. Puis le quatuor à cordes “…miserere…” du compositeur contemporain Louis Andriessen évoquera l’atmosphère du Purgatoire, avant que ne se déploie la paradisiaque Symphonie n°33 de Mozart.

  • La Casa del Diavolo, Symphonie n°6 en D majeur par Amadeus Chamber Orchestra dirigé par  Yongho Choi
  • Symphonie n°49, La Passione, de Joseph Haydn, par The Academy of Ancient Music, dirigé par Christopher Hogwood.
  • Symphonie n°33 de Wolfgang Amadeus Mozart, orchestre dirigé par Carlos Kleiber -> https://youtu.be/3gIUIPYgSxk

Je n’ai pas retrouvé en ligne une version du …misere… de Louis Andriessen, mais voici ce qu’en dit la note du CD:

Le dernier quatuor à cordes de Louis Andriessen …miserere… est relié au fameux “Miserere” par Allegri par sa forme: A B A C A B A B. L’origine de ce lien est le livre —allemand—  “Melodien” d’Helmut Krausser. Dans ce livre, publié en Italie vers 1400, l’alchimiste Castiglio [Tropator] débute une quête des “26 mélodies magiques”. Ces mélodies secrètes ont d’étranges pouvoirs, par exemple le pouvoir d’inspirer de l’amour et celui de guérir. Andriessen a auparavant utilisé une partie de la matière mélodique dans Remembering that Sarabande, une pièce pour quatre altos écrite pour le 60e anniversaire d’ Annette Morreau. …miserere… est de fait un ensemble de variations.

  • [j’en profite pour signaler que Louis Andriessen a écrit un film opéra en cinq actes, La Commedia, dont on trouvera la bande son ici

“Qu’y a-t-il après la mort ?” La question est centrale dans La Divine Comédie, et les Voce Suaves, un ensemble vocal de jeunes chanteurs tournés vers le Madrigal italien, s’efforceront d’y répondre à travers des œuvres de Monteverdi, Gesualdo, Luzzaschi et bien d’autres. (ce sera le lundi 7 août)

Le Purgatoire est la partie la moins connue de La Divine Comédie; elle sera mise en valeur par l’ensemble inAlto dans un  programme, sobrement intitulé “Purgatorio” construit autour des textes et poésies de Dante Alighieri et Pétrarque. Ceux-ci ont connu un immense succès auprès des compositeurs des 16e et 17e siècles [Jacopo Peri, Giulio Caccini, Marco da Gagliano…]. L’ensemble interprètera donc des “perles” du premier baroque d’une grande intensité dramatique en dialogue avec la musique (orgue) de Bernard Foccroulle composée autour du Purgatoire.

Quelle est la musique des sphères célestes dans le Paradis? Existe-t-il même une musique? Katrien Kolenberg, professeur d’astrophysique travaille sur l’harmonie des “spheres”. Avec son violoncelle et ses illustrations, elle montrera comment il est possible d’“écouter” les étoiles et ce qu’elles ont à nous dire.

Dante avait une profonde connaissance de la poésie occitane, qui est l’une des sources du “Dolce Stil Novo”, et au fil des chants de La Divine Comédie on croise quelques uns de ces poètes: Bertrand de Born tenant sa tête par les cheveux dans l’Enfer, mais aussi Sordello, Arnaut Daniel au Purgatoire… Les jeunes talents du Sollazzo Ensemble vont s’attacher à explorer l’impact du répertoire de ces troubadours occitans sur l’œuvre de Dante et les madrigaux du “Trecento”.

 

  • le site du MA Festival Early Music in Bruges
  • Pour les lecteurs de langue italienne , un lien vers un article du Giornale della Musica qui décrit très précisément la programmation et l’esprit “dantesque” de ce festival.
Si c’est un homme, de Primo Levi

Si c’est un homme, de Primo Levi

Le hasard a fait que j’ai relu “Si c’est un homme” de Primo Levi, où il raconte son année dans le camp d’extermination (Lager) de Monowitz dépendant d’Auschwitz. Sur 650 “Stück”, déportés italiens, qui feront partie du convoi initial, seuls une vingtaine survivront. Lecteur de La Divine Comédie dont il connaissait des passages par cœur, Primo Levi, a enroulé son récit —dont dit-il «les chapitres en ont été rédigés non pas selon un déroulement logique, mais par ordre d’urgence»— autour de la spirale de l’Enfer de Dante.

Après le  “tri”, sur le quai de la gare d’Auschwitz, où sont séparés les “valides” des femmes, des enfants et des vieillards, Primo Levi monte dans un camion qui va l’emmener au camp. Ses compagnons d’infortune, contrairement aux damnés de l’Enfer, ne “blasphèment” pas, ne sont pas “éperonnés par la justice divine”. Ils sont simplement abasourdis : “Tout nous semblait incompréhensible et fou”. Ici, il n’y a pas de transcendance. Il n’y a que «mépris de Dieu et des hommes, de nous autres hommes.»

D’ailleurs ce n’est pas, «nocher du marais livide, / qui autour des yeux avait des cercles de flammes» qui les accompagne, mais une «étrange escorte : «un soldat allemand tout bardé d’armes». Ce pâle ersatz du Charon de Dante ne criera pas «Malheur à vous, âmes scélérates !», mais demandera poliment ”si nous n’avons pas de l’argent ou des montres à lui donner, puisque de toute façon nous n’en aurons plus besoin après.” Et Primo Levi d’ajouter: «Ce n’est ni un ordre ni une consigne réglementaire: on voit bien que c’est une petite initiative personnelle.»

Tout comme chez Dante, pour entrer dans l’Enfer, il faut passer une porte, au-dessus de laquelle s’affiche une inscription. Mais tout est distordu. Alors que l’une est sombre (“oscuro”), l’autre, celle du Lager, est “vivement éclairée”; alors que l’une est sans ambiguïté —“Vous qui entrez, laissez toute espérance” [Lasciate ogne speranza, voi ch’intrate’]— on croirait l’autre tirée de la novlangue inventée par George Orwell: «Le travail rend libre» [Arbeit macht frei].

Le premier jour, tout lui paraît absurde. Par exemple, mourant de soif, il avise un beau glaçon sur l’appui extérieur d’une fenêtre. Il veut s’en emparer. Mais «un grand et gros gaillard» lui arrache brutalement et en guise d’explication lui dit seulement «Hier ist kein warum» [ici, il n’y a pas de pourquoi]. Et Primo Levi de poursuivre :

L’explication est monstrueuse, mais simple: en ce lieu tout est interdit, non certes pour des raisons inconnues, mais bien parce que c’est là précisément toute la raison la raison d’être du Lager. Si nous voulons y vivre, il nous faudra le comprendre, et vite.

Ils devront le faire aussi rapidement que ce pêcheur de Lucques jeté dans la poix bouillante au 8e cercle de l’Enfer par un diable qui lui crie: «Ici, point de Santo Volto! / Ici l’on nage autrement que dans le Serchio !». [Qui non ha loco il Santo Volto! / qui si nuota altrimenti che nel Serchio!]. C’est-à-dire, ici tu es loin du Serchio, la rivière de Lucques, et loin aussi de ce crucifix de bois noir, légendaire au Moyen-âge pour ses miracles. Ici, n’en attend aucun secours… Ici, dans ce Lager…

Pourtant, Primo Levi connaîtra quelques brefs moments de répit. Il en raconte un avec Jean, le Pikolo [il est tout à la fois commis aux écritures, préposé à l’entretien de la baraque, à la distribution des outils…] de leur Kommando. Il s’agit d’aller chercher la gamelle de soupe et de la ramener. C’est le printemps, l’air est tiède, on voit au loin les Carpates couvertes de neige. Nos deux amis ont une heure devant eux.

Jean, un jeune Alsacien parle déjà français et allemand, et «aime l’Italie, voudrait apprendre l’italien». Mais il faut faire vite, «car cette heure n’est déjà plus une heure». Primo Levi choisit alors comme outil d’apprentissage un passage… de la Divine Comédie, le chant d’Ulysse. «À savoir comment et pourquoi cela m’est venu à l’esprit», s’interroge-t-il. A savoir…

Ulysse se trouve dans la bolge (littéralement la “poche”) du 8e cercle de l’Enfer, avec les “conseillers perfides” [Chant XXVI]. Il est condamné à brûler éternellement et se trouve enfermé dans une langue de feu avec son compagnon  Diomède à expier ses ruses passées. Il raconte à Virgile et Dante son ultime voyage, lorsqu’il décida de franchir le passage où «Hercule posa ses bornes» [Gibraltar] pour aller vers le «monde inhabité». Après quelques jours de navigation, il devait rencontrer une terre inconnue. Mais c’est la montagne du Purgatoire et les hommes ne peuvent y aborder à moins d’y être invité par Dieu. Un tourbillon va emporter le bateau d’Ulysse et de ses compagnons, qui se noieront. Tel est l’argument.

Alors pourquoi ce choix, a priori déroutant? Il ne s’agit pas d’apprendre l’italien, une heure n’y suffirait pas de toute façon; l’enjeu est autre : «Si Jean est intelligent, il comprendra. Il comprendra: aujourd’hui, j’en suis sûr». Car ce qui est jeu, c’est, entre autres, le voyage au-delà de l’interdit, le travail de mémoire, une réflexion sur l’amitié. Au milieu de ce naufrage qu’est le Lager, où tout est fait pour réduire un homme à n’être plus qu’un numéro tatoué sur la peau, ce chant est d’abord de liberté: mourir certainement [les conditions de vie du Lager ne laissent aucun espoir] mais conserver au fond de soi ce libre arbitre qui définit l’être humain.

Pour cela, Primo Levi se souvient en particulier de ce vers : «… Ma misi me per l’alto mare aperto. » [que je traduis par “mais je me lançais sur la haute mer ouverte”], et souligne le sens de «misi me». «Ce n’est pas , écrit-il, “je me mis”: c’est beaucoup plus fort, beaucoup plus audacieux que cela, c’est rompre un lien, se jeter délibérément sur un obstacle à franchir. » Et voilà qu’aussitôt après, les deux amis croisent le chemin de l’ingénieur Levi. «Il me fait un signe de la main, c’est un homme de valeur, je ne l’ai jamais vu découragé, je ne l’ai jamais entendu parler de nourriture».

Pourtant, en lisant cela, comment ne pas se souvenir de ce passage au début de “Si c’est un homme”, qui décrit la disparition d’Emilia, la fille de l’ingénieur Aldo Levi de Milan. «Une enfant curieuse, ambitieuse, gaie, intelligente, à laquelle ses parents, au cours du voyage dans le wagon bondé, avaient réussi à faire prendre un bain dans une bassine de zinc, avec de l’eau tiède qu’un mécanicien allemand “dégénéré” avait consenti à prélever sur la réserve de la locomotive qui nous entraînait tous vers la mort.» Jamais découragé…

Puis un autre fragment lui revient en mémoire. Il s’agit du discours d’encouragement d’Ulysse à ses compagnons pour les entraîner vers l’inconnu:

«Considerate la vostra semenza
fatti non foste a viver come bruti
ma per seguir virtute et conoscenza.»
[Pensez à à votre origine;
vous n’avez pas été faits pour vivre comme des brutes,
mais pour suivre la vertu et la connaissance.]

Lorsqu’il prononce ces quelques vers, «c’est comme si moi aussi j’entendais ces paroles pour la première fois: comme une sonnerie de trompettes, comme la voix de Dieu. L’espace d’un instant, j’ai oublié qui je suis». Et Jean le Pikolo de demander de répéter, ces paroles. «Il a senti, dit Primo Levi, que ces paroles le concernent, qu’elles concernent tous les hommes qui souffrent, et nous en particulier; qu’elles nous concernent nous deux, qui osons nous arrêter à ces choses-là avec les bâtons de la corvée de soupe sur les épaules.»

La mémoire peut être défaillante, mais l’essentiel n’est pas là. La culture et la poésie ont surgi par ce doux après-midi de juin 1944, au milieu de l’enfer, au milieu de l’entreprise de déshumanisation systématique qu’est le Lager, et les hommes redeviennent des hommes.

L’heure est trop vite passée. Primo Levi voudrait encore expliquer à son compagnon la «fulgurante intuition» qu’il vient d’entrevoir, «qui contient peut-être l’explication de notre destin ici» mais déjà il faut faire la queue pour la soupe:

« — Kraut und Rüben ?
— Kraut und Rüben.
C’est l’annonce officielle que nous aurons aujourd’hui de la soupe aux choux et aux navets:
— Cavoli e rape.
— Kaposzta és répak.
“Infin che l’mar fu sopra noi rinchuiso.”»
[“jusqu’à ce que la mer se fût refermée sur nous.”]

Par ce vers s’achève le Chant d’Ulysse dans le chant XXVI de l’Enfer et se clôt également le chapitre “Le chant d’Ulysse” dans “Si c’est un homme”.

 

Les cartes de l’Enfer

Les cartes de l’Enfer

L’Enfer imaginé par Dante mesurait précisément 140,8 kilomètres de largeur. C’est du moins ce que calcula un architecte et mathématicien Florentin, au XVe siècle (un siècle après la mort de Dante). Ces calculs seront plus tard avalisés par Galilée.

En tout cas, la Divine Comédie devait stimuler la créativité des artistes qui au fil des siècles, de Botticelli, à Dali en passant par Jacques Callot, donneront leur vision et leur représentation de l’Enfer.

On trouvera quelques exemples dans cet article d’Atlas Oscura, sobrement titré Mapping Dante’s Inferno, One Circle of Hell at a Time